Hors-norme, inclassable, le duo américain Cocorosie, tel un phénix, renaît de ses cendres, et sort un septième album « punchy », vibrant et singulier entremêlant les styles, les émotions et les sonorités. Après leur collaboration avec Bob Wilson, un retour électro acoustique des plus détonants !
L’une est brune et porte une perruque grand siècle, l’autre blonde. L’une arbore une belle et fine moustache dessinée au crayon noir, l’autre un maquillage presque outrancier. S’amusant des genres, refusant les étiquettes, Les sœurs Bianca et Sierra Cassidy sont bien de retour. Elles avaient fait sensation dans le monde du folk éléctro, il y a plus de dix ans, avec leurs premiers albums La maison de mon rêve en 2004 et Noah’s Ark en 2005. Depuis, à part quelques tubes, comme Lemonade en 2010, on avait perdu un peu de vue nos deux « queer sisters ».
Séismes intimes
Il faut dire que la vie ne les a pas épargnées. Divorces, drames familiaux, alcoolisme et maladie mentale de leur frère, mort de leur mère, ont mis un temps K.O. nos deux américaines. Remonter sur le ring était donc devenu essentiel, salutaire pour Cocorosie. Guitares en mains, idées plein la tête, émotions à fleur de peau à exprimer au plus vite, ont guidé leurs partitions. Fini le post-hippisme, bienvenue dans un monde de chair, de muscles et de sang.
Entre balade soul et slam rageur
Fortes de leurs expériences, de leurs vécus, de leurs ressentis, Bianca et Sierra Cassidy ont des choses à dire, des mots à libérer, des sons à déchaîner. Voix un brin acidulées, riffs grinçants, elles lâchent tout. Mort, désespoir, colère, folie, nouvelles amours, elles ne cachent rien de leurs joies, de leurs peines, de leurs tourments, de leurs démons intérieurs. Sincères, humaines, les deux sœurs ont trouvé avec Slow down Sun down, Burning down the house, Lamb and the wolf ou Did we wrong, un second souffle, une identité renouvelée.
Des collaborations salvatrices
Étrange, singulier, se métamorphosant à chaque nouvel album, le duo Cocorosie a parfois décontenancé, dérouté. Cinq ans dans l’ombre, cinq ans de galère, auraient pu les perdre dans les limbes. C’était sans compter des artistes comme Bob Wilson, le Kronos quartet ou Chance the Rap, qui ont fait appel à leur créativité pour créer spectacles, ambiances sonores et autres sonorités.
Pensant leurs blessures, réparant leurs âmes, leurs corps au contact des autres, mais aussi lors de retraites spirituelles, les deux sœurs ont mis quatre ans pour réaliser ce nouvel opus, cette balade poétique, ce cri déchirant, cette ode à la vie.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Put the Shine on de Cocorosie
Mars 2020
Label Marathon Artists