Les confidences douces-amères d’un homme cobaye

Au Petit-Saint-Martin, Grégory Gadebois reprend, pour le plus grand plaisir de tous, Des fleurs pour Algernon.

Excellente nouvelle, le Petit Saint-Martin reprend Des fleurs pour Algernon, ce petit bijou théâtral tiré du roman de Daniel Keyes et porté à la scène, à merveille par Grégory Gadebois.

Depuis sa création, à l’automne 2012, ce spectacle, récompensé en 2013 au Palmarès du Théâtre (meilleur comédien) et en 2014 aux Molières (meilleur seul en scène), rencontre un succès bien mérité. De l’adaptation au cordeau de Gérald Sibleyras à la mise en scène ciselée d’Anne Kessler, en passant par la sobre scénographie de Guy Zilberstein et les belles lumières d’Arnaud Jung, tout est parfait. C’est magnifique.

Algernon est le nom d’une souris de laboratoire. Après une petite opération au cerveau, elle est devenue le rongeur le plus intelligent de la planète. De quoi faire des miracles et se prendre pour Dieu. C’est ce que pensent les deux chercheurs qui décident de pousser plus loin l’expérience et de l’appliquer à un être humain. Le cobaye choisi est Charlie, un simple d’esprit des plus attachants. « Je ne savais pas que j’avais un QI et, maintenant il va tripler ! » Avec une lucidité confondante Charlie raconte le processus de son ascension à l’intelligence et les bouleversements de son quotidien. Tout est bien dans le meilleur des mondes. 

Mais le revers de la médaille survient. Il y a d’abord sa mise au ban par ses anciennes connaissances, qu’il dépeint d’une manière poignante. Ensuite vient le déclin, vertigineux, car Charlie l’aborde avec lucidité. A travers cette histoire, c’est la recherche scientifique qui est (re)mise en question. Pourquoi ce « gentil » Charlie a-t-il été sacrifié ? Qu’est-ce que l’intelligence ? Celle du cœur a-t-elle autant ou moins d’importance que celle de la connaissance ? 

Charlie est incarné par Grégory Gadebois. Avec sa bouille ronde de bon gros nounours qui ne ferait pas de mal à une mouche, le comédien interprète avec bienveillance ce garçon qui n’avait pas besoin d’être un génie pour être une belle personne. Délicat, subtil, sincère son jeu nous a totalement conquise. Du grand art ! Ce spectacle est à voir et même à revoir. Et n’hésitez pas à le partager avec un adolescent, il vous en sera reconnaissant.

Marie-Céline Nivière 


Des fleurs pour Algernon d’après l’œuvre de Daniel Keyes
Théâtre du Petit-Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 Paris
A partir du 14 janvier 2020
Du mardi au samedi 21h00 – Relâches les 13, 19, 20, 21 février et 3, 4 mars 2020

Adaptation de Gérald Sibleyras
Mise en scène d’Anne Kessler, Sociétaire de la Comédie-Française 
Avec Grégory Gadebois
Décors de Guy Zilberstein

Crédit photos © Photo Lot

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