Adrien de Van, codirecteur heureux du Paris-Villette

A quelques jours de la réouverture de la grande salle du théâtre municipal Paris-Villette, Adrien De Van, co-directeur des lieux, invite à plonger dans l’histoire de cette salle, implantée dans l’ancien Pavillon de la Bourse des anciens abattoirs de la ville. Avec sa complice Valérie Dassonville, le comédien- metteur en scène poursuit son engagement envers la jeunesse et la création. Un redémarrage sur les chapeaux de roues ! Dans un café à deux pas des Halles, Adrien de Van sirote un café long, tout en pianotant sur son ordinateur. Serein, l’homme est un travailleur acharné. Menant de mains de maître le théâtre

A quelques jours de la réouverture de la grande salle du théâtre municipal Paris-Villette, Adrien De Van, co-directeur des lieux, invite à plonger dans l’histoire de cette salle, implantée dans l’ancien Pavillon de la Bourse des anciens abattoirs de la ville. Avec sa complice Valérie Dassonville, le comédien- metteur en scène poursuit son engagement envers la jeunesse et la création. Un redémarrage sur les chapeaux de roues !

Dans un café à deux pas des Halles, Adrien de Van sirote un café long, tout en pianotant sur son ordinateur. Serein, l’homme est un travailleur acharné. Menant de mains de maître le théâtre Paris-Villette depuis juillet 2013 avec Valérie Dassonville, il a fait de l’établissement culturel une scène parisienne contemporaine. Comédien de formation, il a accepté de nous raconter son parcours qui l’a mené du cinéma au théâtre, puis à la tête d’un lieu emblématique de Paris.

Comment on passe d’artiste à codirecteur du Paris-Villette ? 

Adrien de Van : J’ai commencé très jeune à faire l’acteur. Les propositions se succédaient assez vite. Je n’avais pas le temps de penser. Pourtant, j’étais frustré. Il me manquait quelque chose. Je ne pouvais pas faire de véritables choix sur les projets, l’équipe. J’étais suiveur, plus que promoteur. Il m’a fallu dix ans pour comprendre cela et accepter de franchir le pas, de monter mes propres spectacles. Ce fut la première étape, une première inflexion dans ma carrière. Puis, par hasard, un jour où je cherchais une salle de répétition, je suis tombé sur le théâtre du jardin, un peu à l’abandon, au cœur du jardin d’acclimatation. Le lieu était idéal. J’ai non seulement pu préparer mon spectacle, mais j’ai aussi eu la chance durant 6 ans de m’occuper de la programmation. C’était une première expérience fascinante, riche et formatrice. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser plus particulièrement aux créations pour le jeune public et à avoir un regard sur le travail des autres, sur les écritures, les mises en scène, sur la direction d’acteurs. Faute de moyens, l’aventure a tourné court. Je suis retourné à mes premières amours, le jeu, les planches, la mise en scène, la direction d’une compagnie indépendante. Rapidement, je me suis rendu compte que cela me manquait de ne plus pouvoir accompagner les autres, de porter des projets qui n’étaient pas les miens mais que j’avais envie de défendre. Le Paris-Villette venait de se libérer, la mairie cherchait des repreneurs. J’ai tout de suite proposé à Valérie (Dassonville) de s’associer. On a monté un dossier. Il a été accepté. Ça fait six ans maintenant.  

 Dans mes souvenirs, l’orientation générale du Paris-Villette est la jeunesse ?

 Adrien de Van : En fait, c’est jeunesse au sens très large. On essaie de parler autant aux petits qu’aux adolescents, qu’aux adultes. Suite à ma première expérience de gestion de lieux, j’avais pu mesurer que le travail en direction de la jeunesse est un formidable levier pour toucher des publics qui ne sont pas des habitués des théâtre. (Souvent se sont des parents qui accompagnent leur progéniture. Si tu proposes des projets de qualité, l’écoute de tous est au rendez-Vous. Une des plus belles réussites, c’est quand les pièces se partagent entre adultes et enfants, qu’il y a discussion après la représentation, échanges de points de vue. A partir de là, avec Valérie, nous avions l’idée d’une programmation éclectique dont la cible serait les moins de 30 ans. A priori, nous ne nous sommes pas trompés. Actuellement cette tranche d’âge représente à peu près la moitié de notre public. Certes, nous axons les propositions théâtrales sur ce qu’on nomme la création jeunesse, mais pas que. Nous essayons d’être plus large. Si on regarde ce qui se fait dans la plupart des théâtres, on constate que, de temps en temps, les grands metteurs en scène (comme Roméo Castelluci, Pauline Bureau, etc) proposent des pièces accessibles à un public plus jeune. On voulait être le reflet aussi de ce décloisonnement. Au final on fait peu de scolaire, car l’idée c’est d’avoir un public mélangé. 

Comment se fait la sélection des œuvres ? 

Adrien de Van : Déjà, on essaie de coller à cette première ligne, qu’on a définie avec Valérie. Ensuite on a la particularité de sortir un programme trimestriel et pas de saison. Du coup, on est toujours à l’affut de nouveaux spectacles, de nouvelles créations. On voit beaucoup de choses. Après, on choisit ce qui nous semble le plus solide, ce qui va le plus parler à notre spectateur type qui a entre 20 et 30 ans. Étant inclus dans le parc de la Villette, notre lieu est intermédiaire. Le plateau est important, mais pour l’instant notre jauge est réduite, pas plus de 225 places. On est obligé de tenir compte de cette donnée. Notre choix se porte donc sur des équipes montantes mais qui ne pourraient pas encore remplir des salles comme le théâtre de la Ville par exemple. 

Êtes-vous un lieu de création ? 

 Adrien de Van : Honnêtement, non. Tout bêtement, économiquement se ne serait pas viable. Un théâtre municipal n’a pas de budget de production. Du coup, on privilégie les associations avec d’autres établissements. Ce qui nous permet d’être lieu de résidence et d’avoir des créations dans les murs. 

La grande salle rouvre le 16 novembre, quelle était la nature des travaux ? 

Adrien de Van : ils ne concernaient que la première moitié du bâtiment. Le gradin avait vieilli. Le Paris Villette fait partie de ces lieux culturels qui n’étaient pas des théâtres initialement. Au départ, c’était la bourse quand la Villette était encore des abattoirs. Du coup, la scène, la salle se sont réinventées au gré des besoins. L’acoustique est démente, mais la pente des gradins n’est plus adéquate. Jusqu’à présent, on bricolait. Quand, il a été question de changer les fauteuils, on s’est dit que c’était l’occasion de réaliser quelques travaux supplémentaires pour mettre l’ensemble aux normes notamment et offrir aux équipes un plateau technique plus performant. 

Est-ce que ces modifications vont entraîner des changements dans la programmation ? 

 Adrien de Van : Nous n’avons pas tout bouleversé non plus. Il y a quelques places en plus, un meilleur accès pour les personnes en fauteuil. Mais, ce qui est vraiment révolutionnaire, c’est le fait d’avoir isolé acoustiquement le plateau. Ainsi, on va pouvoir faire tourner les deux salles en même temps. Avant, il n’y avait que des rideaux. On entendait tout. Du coup, à partir de novembre, on commence un nouveau cycle avec une double programmation. Les spectateurs vont pouvoir se croiser, échanger. Le restaurant pourra rester ouvert même quand les spectacles joueront. Nous inaugurons le 16 novembre ce nouveau dispositif avec dans la grande salle, Change Me, un montage de Camille Bernon et Simon Bourgade d’après des textes d’Ovide, d’Isaac de Benserade et La vie de Brandon Teena, et dans la salle blanche avec La magie lente de Denis Lachaud, mise en scène de Pierre Notte avec Benoit Giros. Avec Valérie, nous sommes impatients de voir ce que tout cela va impulser.

Entretien réalisé par Marie Gicquel et Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Théâtre Paris-Villette
211 Avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Réouverture de la grande salle le 16 novembre 2019

Crédit portraits © Louis Arnal, crédit photo de la façade du théâtre © Blaise Arnold, crédit photos travaux © Morgane Le Gall

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