Iconique, Frida Kahlo, l’artiste, la pasionaria, la femme brisée, est une source intarissable pour les designers et les artistes de tout bord. Sa fougue, sa fureur de vivre, ses peintures, font des émules dans tous les domaines. Avec exubérance et folie, Lorenzo Malaguerra et son complice Pascal Rinaldi lui rendent hommage dans un cabaret théâtral déjanté, chamarré. Une gourmandise pétillante, un hymne à la joie.
Constitution fragile, blessée dans sa chair à 17 ans suite à un accident de bus, Frida Kahlo n’a clairement pas les meilleures cartes de la destinée. Peu importe, la jeune mexicaine, fiancée avec la mort forcément joyeuse (épatant Jean Lambert-wild – directeur du Théâtre de l’Union), refuse de céder à la mélancolie. Elle veut aimer, vivre, brûler son existence par tous les bouts. Père d’origine allemande, mère mexicaine, la peintre en devenir est faite de ces deux cultures. Ayant grandi à la Casa Azul – maison qui restera son foyer jusqu’à son décès avant de devenir un musée – , dans le sud de Mexico, elle puise au plus profond d’elle-même une force vitale, une flamme ardente. Défiant la souffrance qui la cloue au lit, les maladies qui ne lui laissent que peu de répit, elle dépasse le douloureux quotidien, le transfigure dans l’art.
La jambe droite plus courte, Frida Kahlo, dite la boiteuse, par ses camarades de classe, n’a cure des règles, des usages. Amoureuse de Diego Rivera, le plus frivole, le plus laid des hommes, elle l’épouse. Il la trompe, lui préfère un temps sa sœur, mais revient toujours vers celle qui l’inspire, sa moitié artistique. Elle ne sera pas en reste. Sexuellement débridée, elle partage sa couche avec les deux sexes. Fervente communiste, elle a une aventure avec Trotsky et cherche par sa peinture engagée à soutenir le parti. Seule la maternité, lui est refusée. Après trois fausses couches, toutes plus douloureuses, les unes que les autres, plusieurs interventions chirurgicales, un début de gangrène, une mycose, et bien d’autres tourments, la flamboyante artiste s’éteint à l’aube de ses cinquante ans. Dernier pied de nez à une vie qui ne lui a rien épargné, à une mort qui l’a toujours désirée, elle se dresse hors de son cercueil, chevelure en feu, lors de son incinération.
Fascinée par ce personnage hors-norme, cette singulière et enragée artiste, la compagnie suisse s’en empare avec une douce folie et imagine un spectacle extravagant où les propres mots de Frida Kahlo, tout droit sortis de ses carnets de notes, s’entremêlent passionnément avec les belles chansons et des jolis textes signés Pascal Rinaldi.
S’inspirant des œuvres de l’artiste, Lorenzo Malaguerra signe une mise en scène délirante, rock, qui surprend au début, puis captive, envoûte. Une exubérance espiègle souffle sur le plateau et emporte tout. Tous en robes bigarées, serre-tête à fleurs sur la tête, l’un après l’autre, tous les comédiens – Denis Alber, Edmée Fleury, Maria de la Paz, Pascal Rinaldi & Thierry Romanens – l’incarnent, lui donnent des tonalités, des couleurs différentes. Pétillante, sérieuse, gouailleuse, la belle mexicaine, sa créativité, son art, prennent possession de la salle et emporte le public dans une farandole qui se termine sur scène.
Cabaret théâtral, spectacle inclassable, Frida jambe de bois est une évocation burlesque, endiablée de l’artiste, un champ d’amour à la vie, à la mort !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Limoges
Ci-dessous la captation complète du spectacle avec l’aimable autorisation de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra, le théâtre de l’Union, le Théâtre du Crochetan et la Cie de l’Ovale
Frida jambe de bois, spectacle conçu par Lorenzo Malaguerra
Théâtre de l’Union
20, rue des Coopérateurs
87000 Limoges
Jusqu’au 18 octobre 2019
Durée 1h15
Tournée
Du 24 au 25 Octobre 2019 au Théâtre du Crochetan, Monthey (Suisse)
Le 30 Octobre 2019 au Reflet, Vevey (Suisse)
Le 31 Octobre 2019 au Théâtre de Beausobre, Morges (Suisse)
Le 5 Mars 2020 au Centre Culturel, Comines-Warneton (Belgique)
Le 6 Mars 2020 au Centre Marius Staquet, Mouscron (Belgique)
Le 13 Mars 2020 à la Salle CO2, La Tour-de-Trême (Suisse)
Mise en scène de Lorenzo Malaguerra
Textes et musiques de Pascal Rinaldi
Avec Denis Alber, Edmée Fleury, Jean Lambert-wild, Maria de la Paz, Pascal Rinaldi, Thierry Romanens
Création sonore, sonorisation et mixage sons de Bernard Amaudruz
Scénographie et costumes de Kristelle Paré
Lumière de Romain Cottier
Construction du décor Cédric Matthey et Joseph Maret
Confection des costumes Justine Chappex , Cécile Revaz
Confection de la robe victorienne pour la mort joyeuse Annick Serret-Amirat
Confection du crâne de la mort joyeuse Daniel Cendron
Régie de scène et accessoires de Cédric Matthey
Crédit photos © Mercedes Diery et © Marino Trotta