Mi-féminin, mi masculin, Pierre Maillet incarne brillamment, aux plateaux sauvages, l’égérie transgenre de Warhol, la muse de Lou Reed, Holly Woodlawn. Avec humour et fantaisie, le comédien-metteur en scène fait le portrait d’une femme hors norme, une gouailleuse extravagante. Amusant la galerie, il brûle les planches. Divinement décapant !
Assis devant une coiffeuse dos au public, Pierre Maillet se prépare. Longue chemise noire satinée, bas résilles, fard à paupières bleu pailleté, il jette de temps à autre un regard aux derniers arrivants, les accueille d’un petit mot plein d’esprit et les guide à travers les tables de ce cabaret improvisé. Il fait feu de tout bois, s’amuse, échange un sourire, un clin d’œil. Le comédien se glisse imperceptiblement dans la peau d’Holly Woodlawn. Jeune homme un peu perdu, Haroldo Santiago Franceschi, de son vrai nom, quitte très tôt le foyer familial et suit son premier amour, un bellâtre à New York. Rien ne se passe comme prévu. Abandonné sans un sou, il est recueilli par des folles portoricaines, des prostituées et tout un monde interlope dont, ses meilleures ennemies, Jackie Curtis et Candy Darling, qui, comme lui se travestissent.
Personnage atypique, haut en couleur, Holly séduit, charme, ensorcèle. Elle vend parfois son corps, mais souvent oublie de faire payer, ou rend la monnaie. Le cœur grand, elle aime sans compter. De rencontre en rencontre, elle fait la connaissance d’Andy Warhol et devient l’une des dernières grandes figures de la Factory, l’une des premières stars travesties, puis transgenres de l’histoire. Elle tourne avec le beau Joe Dallessandro sous la direction de Paul Morrisey. Sa liberté, son franc parler, sa gouaille, sa présence magnétique font le reste.
Entouré des musiciens du groupe pop français Coming Soon – Howard Hughes et Billy Jet Pilot – du comédien Luca Fiorello et du régisseur Thomas Nicolle, Pierre Maillet reprend le rôle qu’il avait à peine croqué dans son diptyque Little Joe – New York 68/Hollywood 72 et redonne vie à cette légende oubliée. S’inspirant des codes du cabaret transformiste et du stand up version américaine des années 70, il conte ses joies, ses amours, ses peines et esquisse un portrait délicat, désopilant d’Holly Woodlawn.
Toujours présent derrière son personnage, Pierre Maillet chante, danse, virevolte. Tantôt rejouant les scènes mythiques de Trash, tantôt lâchant une pique sur ses proches, sur Andy Warhol, il nous entraîne dans une folle farandole. Homme, femme, quelle importance, le comédien enchante quand il reprend la chorégraphie de Madonna sur Vogue, où quand il entonne Anything goes de Cole Porter. Totalement conquis par cette proposition détonante, le public hilare applaudit à tout rompre et salue la performance. un vrai coup de foudre !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
One night with Holly Woodlawn d’après A Low Life in High Heels, autobiographie d’Holly Woodland
Les plateau sauvages
7, rue de la plâtrière
75020 Paris
jusqu’au 5 octobre 2019 à 20h
Durée 1h45
Texte de Pierre Maillet, Régis Delicata & Charles-Antoine Bosson
Avec Pierre Maillet, Howard Hugues, Billy Jet Pilot, Luca Fiorello et Thomas Nicolle
Assistant stagiaire Edwin Halter
Musique d’Howard Hugues & Billy Jet Pilot
Régie générale de Thomas Nicolle
Perruques et maquillages de Cécile Kretschmar
Costumes de Zouzou Leyens
Crédit photos © Tristan Jeanna-Valès