A Guimet, le prince Siddhârta, fondateur du bouddhisme, se décline sous tous les formes. Traversant les frontières, les différents styles des arts asiatiques, il impose sa silhouette, sa présence tutélaire entre béatitude et ravissement contemplatif. Un tour d’horizon de cet être de lumière, incarnation de la quatrième religion du monde.
Assis en tailleur, ou plus exactement en position du lotus, yeux clos, sourire à peine esquissé, il trône majestueux et semble imposer aux visiteurs un respect délicat empreint de douceur. La statutaire pourrait être figé, il n’en est rien. Des nuances de bruns de la pierre polie dans laquelle il est sculpté se dégage une étrange vibration qui fascine et ensorcèle. Endormi depuis des siècles, Bouddha invite ainsi à partager le temps d’une exposition unique en son genre, son histoire, son parcours entre être de chair et pur esprit.
Sur des parchemins qui ont traversé le temps, l’espace, les épisodes qui ont marqué sa vie, qui ont fait de ce prince, né au Ve ou au VIe siècle avant JC au Népal sur les contreforts de l’Himalaya, un chef spirituel fondateur historique du Bouddhisme, sont dessinés avec précision. Ils révèlent les anecdotes, les grandes décisions d’une existence bien remplie. Fuyant les ors du palais, son héritage, le jeune homme s’engage sur une autre voie. Accompagné d’une communauté de moines errants, il cherche, dans la nature, au plus profond de lui-même, des réponses à ses questionnements sur le monde.
Conçu de manière chronologique, l’exposition imaginée par Thierry Zéphir, propose, en s’appuyant en grande partie sur les collections du musée, de suivre l’histoire d’un homme de ses vies antérieures à celles plus actuelles réincarnées. Au cœur d’une statuaire riche, variée, utilisant comme matière première bois, pierre, céramique ou métal, une œuvre contemporaine attire l’œil. Réalisée par le plasticien japonais Takahiro Kondo, elle le représente nu assis tel un bouddha méditant. Brillant de mille petites concrétions, elle dialogue avec un bas-relief afghan du IIe siècle, une sculpture en pied de près de 3000 ans. En tout, c’est plus de 159 œuvres qui sont dévoilées au public afin de permettre à tous de mieux appréhender le bouddhisme, ses préceptes, son ancrage en Asie. Ici, un stupa incrusté de turquoise, là des photos révélant la beauté de quelques temples pakistanais, un peu plus loin, une statue de bronze d’un bonze méditant, la balade muséale, particulièrement soignée, entraîne le public d’étonnement en émerveillement.
De l’Inde en passant par le Pakistan, la Chine, l’Indonésie ou le Cambodge, l’image de Bouddha se décline tantôt assis, couché ou debout. En mettant ainsi en regard les différentes représentations de celui qu’on appelle aussi le Bienheureux, on a une plongée passionnante au cœur d’une spiritualité prônant le bien-être, l’harmonie, d’une histoire celle de la quatrième religion au monde ,en nombre de fidèles. Tout est fait pour donner aux visiteurs un sentiment unique de quiétude, de paix intérieure, pour lui donner les clés de compréhension qui ont marqué la naissance d’une pensée, d’un dogme, d’une doctrine. De son cheminement vers l’Éveil jusqu’au Nirvana, Bouddha et ses moines, qu’ils soient esquissés sur du tissu, ciselés dans du marbre, de la porcelaine, font naître une légende et transcendent l’esthétisme rare, éclatant des arts asiatiques.
Magnifiée par une scénographie faisant la part belle au clair-obscur, aux ombres, Bouddha, la légende dorée attend sagement d’être visitée dans les sous-sols du captivant musée Guimet.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Bouddha, la légende dorée
Musée national des arts asiatiques – Guimet
6, place d’Iéna
75016 Paris
Jusqu’au 4 novembre 2019
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h.
Droit d’entrée entre 8,50 et 11,50 euros