Évocation sans surprise d’une Reine déchue

Au poche-Montparnasse, Marion Bierry conte la vie de la dernière Reine de France.

Archiduchesse d’Autriche, dauphine, reine de France et enfin Veuve Capet, Marie-Antoinette a fait couler beaucoup d’encre. Adulée autant qu’haïe, elle devient sous la plume de Zweig, un personnage de roman. S’emparant de la prose du dramaturge allemand, Marion Bierry dresse, au Poche-Montparnasse, un portrait hélas atone de celle dont le charme a su conquérir tous les cœurs, même ceux de ses bourreaux.

Tout commence en 1933. Stefan Zweig (Thomas Cousseau) est obsédé par la dernière Reine de France. Il doute, s’interroge. Doit-il s’intéresser à son funeste destin ? il se documente, lit tous les pamphlets, dissèque ses comptes, sa correspondance. Loin de l’ogresse, de madame déficit, le portrait d’une enfant insouciante, d’une femme attachée aux principes dynastiques qu’on lui a inculqués, d’une meneuse, d’une habile politique, d’une victime digne, noble face à l’indicible se fait jour. Fasciné par cette vie de rêve se transformant petit à petit en cauchemar, il prend sa plume et conte son histoire.

Prenant comme point de départ, le travail du célèbre écrivant Autrichien, Marion Bierry adapte à la scène sa fameuse biographie qui a rétabli aux yeux du monde, la Reine Marie-Antoinette. Ni ange, ni monstre, juste une femme au cœur de la tempête. Belle, charmante, la jeune archiduchesse de 14 ans a tout pour être heureuse. Mais la fatalité s’acharne. L’amour des français, touchés par sa grâce, sa bonhomie, devient haine. Dans l’ombre les faquins, son beau-frère, son cousin Orléans en tête, s’agitent, complotent, s’acharnent à la perdre. Le travail de sape est d’autant plus aisé que son indolence, sa frivolité en accentue les effets. Le mal est fait. Rien ne peut arrêter sa chute, son calvaire. La révolution, furieuse, réclame son dû, la tête de l’autrichienne.

Avec humour, révélant les failles de cette femme unique, les portes de sortie qu’elle n’a pas su voir, pas su prendre, Marion Bierry donne vie aux mots de Stefan Zweig sans pour autant leur insuffler lyrisme et romantisme. Certes, les grandes lignes sont là, le mariage consommé tardivement, les fêtes à Trianon, la fuite à Varennes, l’emprisonnement au temple, sa fin à la Concierge, mais il manque une vision, une approche moins lapidaire, un autre regard sur Marie-Antoinette. Faute de véritablement prendre parti, l’ensemble, respectueux de la première grande biographie consacrée à la dernière Reine de France, reste trop sage, sans surprise.

Après le film de Sofia Coppola, les livres de Simone Bertrière, de Christine Orban ou d’Evelyne Lever, qui éclairent autrement la psychologie de la souveraine, de cette femme enfant, on s’attendait sur ce sujet à quelque chose de moins factuel. C’est dommage. Toutefois, il faut reconnaître à Marion Bierry et à son acolyte sur scène, Thomas Cousseau, leur talent de conteur. A défaut de vibrer, le public se laisse porter par l’histoire, celle véridique d’une Reine dans la tourmente.

Olivier Fregaville-Gratian d’Amore


Marie-Antoinette d’après le roman biographique de Stefan Zweig 
Théâtre de Poche-Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse
75006 Paris
A partir du 5 septembre 2019
Du mardi au samedi 19h00, dimanche 15h00
Durée 1h20


Traduction d’Alzir Hella
Adaptation et mise en scène de Marion Bierry assistée de Sarah Chovelon
Avec Marion Bierry et Thomas Cousseau
Lumières de Stéphane Balny
Collaboration artistique Stéphane Bierry

Crédit photos © Pascal Gely

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