La Scala accueille depuis une semaine La Compagnie de L’oubliée, conduite par Raphaëlle Boitel. Pour sa troisième mise en scène, la chorégraphe bercée à l’école Fratellini, envoie cinq artistes du sol aux airs, les élance de pirouettes intelligentes en pauses longuettes. 5es Hurlants rend un hommage virevoltant à l’art circassien.
Le spectateur assiste à ce qui pourrait s’apparenter à une répétition de haute volée. Une troupe, mi-familiale, mi-école au professeur froid – s’active avant un spectacle. Le projecteur d’abord braqué sur nous le public, se fait tourner vers la scène. La tableau est clownesque : les répétitions sont boiteuses et risquées, les disputes – dues au trac – prennent la forme enfantine de jeu de mains/jeu de vilains. Le spectacle conserve la même tension, avec l’alternance équilibrée entre numéros de cirque et scènettes, jusqu’au bouquet final : le pugilat d’une des artistes projetée dans les airs, flirtant avec la structure métallique du haut de la scène.
Raphaëlle Boitel orchestre une vaste farce en honorant les promesses du cirque traditionnel : jonglage, funambulisme, cerceau acrobatique,… L’hommage au cirque fonctionne plus que les intermèdes : les numéros sont étonnants, les enfants et adultes sont ravis. Dommage que ces tours ne soient pas un peu allongés !
Dernier salut au cirque : les danseurs arborent à la fin du show, les vrais costumes du cirque Fratellini.
Tape m’en cinq
Le cirque repose sur cette pirouette périlleuse : rendre un spectacle gracieux et poétique sans tomber dans la prétention et c’est tout à fait ce que propose Raphaëlle Boitel.
Entre ces numéros voltigeants, des réactions un peu longuettes : des danses un brin répétitives malgré des pas inventifs et des effets de lumières parfois lourds. Mais la mise en scène reste intelligente : ce projecteur qui nous fixe au début et à la fin, ces blocs de béton hostiles à l’usage dangereux, l’histoire se tisse aussi finement que ces petits pas tintinnabulent sur le sol.
On ressort de ce spectacle plutôt enthousiastes, éblouis par un numéro final grandiose, les oreilles satisfaites par une BO éclectique et classe ( Prélude de la Traviata, Le Brio par Big Soul, Franz Liszt par Lang Lang… ). Enfin, on sent que Raphaëlle Boitel s’est fait plaisir : la compagnie est dynamique, et l’influence de l’opéra, exaltante.
Marie Gicquel
5es Hurlants de Raphaëlle Boitel
La Scala Paris
13, boulevard Sébastopol
75010 Paris
Jusqu’au 21 juillet 2019
Du mardi au samedi, à 20h30. Les mercredis et dimanches, à 15 heures.
Durée 1h05
Avec Julieta Salz, Clara Henry, Salvo Cappello, Alejandro Escobedo, Loïc Leviel, Nicolas Lourdelle, Tristan Baudoin.