Empruntant au cinéma et au théâtre leurs codes, le célèbre collectif belgo-argentin Peeping Tom reprend, à Montpellier Danse, une de ses mythiques créations. Rebaptisée 31 rue Vanderbranden, à l’occasion de son entrée en septembre dernier au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon, l’œuvre, créée il y a plus de dix n’a pas pris une ride, et fait chavirer les imaginaires.
Un vent polaire souffle sur la scène de l’Opéra Berlioz, transformé en désert de glace. La neige a recouvert le sol. Deux baraquements de tôle se font face. Toute vie semble absente. Au loin, une silhouette apparait. Une étrange femme portant un manteau de fourrure erre sur le plateau. Elle semble totalement perdue. Les cris d’un bébé l’attirent. Elle tente de le calmer avant de l’ensevelir. Le ton est donné. Le collectif Peeping Tom invite non à un ballet mais bien à un conte fantasmagorique où fusionne avec virtuosité tous les arts vivants.
S’inspirant de l’atmosphère sombre, poétique du film japonais La Ballade de Narayamade Shohei Imamura, le duo à la tête de Peeping Tom, Gabriela Carrizo, l’argentine et Franck Chartier, le français d’origine roannaise, réadaptent avec quatorze danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon, un de leur classiques. Pièce chorégraphique créée en 2009 et tirant son nom d’une rue du quartier Dansaert à Bruxelles, 32 rue Vanverbrandena fait sensation en septembre 2018 en ouverture de la 18èmebiennale de Danse. Sans grande surprise, la salle comble de l’Opéra Berlioz de Montpellier a vibré à l’unisson des interprètes, dimanche dernier pour cette date unique inscrite dans la programmation de la 39èmeédition de Montpellier Danse.
Corps dégingandés, présence spectrale annonciatrice de catastrophe, double maléfique ou frères terribles, c’est tout un univers noir de BD qui se dessine devant les yeux hébétés des spectateurs. Perdus au milieu d’une quelconque banquise, les esprits esseulés des habitants de ce no man’s land glacé s’égarent et cèdent à leur pulsion primaire, violente. Homme battant sa compagne, jeunes hommes tétant leur mère ou femme faisant une fausse couche, rien n’est épargné au public, ni le glauque, ni le trash. Et pourtant la magie onirique de Peeping Tom opère, entraîne vers de bien étranges et fantasques rêveries.
Soulignant le ballet tant acrobatique que chorégraphique des talentueux interprètes du ballet de l’opéra de Lyon, la voix de la Mezzo-soprano, Eurudike De Beul, envoûte et invite à plonger dans l’univers singulier, angoissant mais terriblement ensorcelant du collectif belge. Un moment hors du temps et de l’espace d’une rare et magnétique beauté.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – envoyé à Montpellier
31 rue Vanderbranden de Peeping Tom
Montpellier danse
Le Corum Opéra Berlioz
Place Charles De Gaulle
34000 Montpellier
Le 24 juin 2019
Durée 1h20
31 rue Vanderbranden de Peeping Tom
Montpellier danse
Le Corum Opéra Berlioz
Place Charles De Gaulle
34000 Montpellier
Le 24 juin 2019
Durée 1h20
Conception, chorégraphie et mise en scène de Gabriela Carrizo et Franck Chartier / Peeping Tom
Pièce pour 14 danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, direction Yorgos Loukos
Caravane 1 : Aurélie Gaillard, Julia Weiss // De Passage : Marco Merenda, Albert Nikolli, Roylan Ramos, Paul Vezin
Caravane 2, porte 1 : Jacqeline Bâby, Kristina Bentz, Samuel Colbey, Adrien Delépine, Caelyn Knight, Lore Pryszo
Caravane 2, porte 2 : Alvaro Dule, Leoannis Pupo-Guillen
Mezzo-soprano : Eurudike De Beul
Dramaturgie d’ Hildegard De Vuyst et Nico Leunen
Figurants : Sophie Falam, Alexandre Pirocchi et Sophie Tonduf
Composition sonore de Juan Carlos Tolosa et Glenn Vervliet
Décors de Peeping Tom, Nele Dirckx, Yves Leirs et Frederik Liekens
Lumières de Filip Timmerman et Yves Leirs
Costumes : deDiane Fourdrignier et HyoJung Jang
Crédit photos © Michel Caravalca