Enfermé dans des carcans patriarcaux, caché pour ne pas être vu, obsédé du capiton, de la cellulite, le corps de la femme, depuis trop longtemps nié, ne demande qu’ à exister dans sa diversité, à crier, sa pluralité. Refusant de se taire, de rester dans l’ombre, de s’auto-flageller, Les Filles de Simone, une nouvelle fois, signent un spectacle burlesque, drôle et touchant, un manifeste féministe de toute beauté. Les voir, c’est les aimer, c’est adhérer !
Tout commence par une réunion genre Tupperware®, sauf qu’ici, il ne sera bien évidemment pas question de boites en plastique, mais bien du corps de la femme, de ses formes, de ses particularités, de ses désirs, de son anatomie. Finis, les diktats de la mode imposés par des magazines dit féminins, qui n’en ont que le nom, des hommes qui n’ont, aucune envie de ne céder, ne serait ce qu’une once de pouvoir avec l’autre moitié de l’humanité. Les seins, la peau d’orange, les petites, les grandes lèvres, les poils de toute sorte, le col de l’utérus, le vagin et autre clitoris, n’auront plus de secret après cette séance de rattrapage vitesse grand V. Vous saurez tout sur cet étrange « drame » comme dirait, le bien sexiste Michel Sardou, d’être une femme.
Après la grossesse, ses joies, ses bonheurs et ses multiples désagréments, dans C’est (un peu) compliqué d’être à l’origine du monde c’est autour de ce que signifie pour nos sociétés bien normées et totalement phallocrates, avoir un sexe féminin d’être décortiqué par Les Filles de Simone. Sans langue de bois, sans user de périphrases, elles y vont cash et analysent quasi cliniquement les faits pour essayer de comprendre comment, dans l’inconscient collectif s’est installée une image négative, dégoûtante du corps de la femme. De Sartre à Freud, de l’épilation permanente à l’apparition des premières rides, tout est scruté, détaillé, disséqué pour montrer à quel point les raisonnements fallacieux des hommes à modifier en profondeur la perception que la femme a de son corps. Souvent complexée, incapable de se libérer du poids que fait peser sur elle un monde machiste, elle se croit frigide, sale et moche.
Plume acidulée, écriture au vitriol, les Filles de Simone n’ont pas leurs mots dans la poche. Avec finesse, espièglerie et facétie, elles déboulonnent les uns après les dogmes sexistes, les règles patriarcales, qui ont enfermés leur corps dans un corset gainant, les réduisant au mieux aux rôles de jolies potiches genre sois belle et tais toi, au pire à des êtres invisibles. Sous le regard complice de Claire Frétel, Tiphaine Gentilleau, Cécile Guérin, Claire Méchin, Chloé Olivères et Géraldine Roguez, toutes merveilleuses, et désopilantes à souhait, égratignent les bien-pensances, les poncifs éculés pour faire entendre leur voix entre deux chansons aux airs connus, aux paroles détournées avec humour.
Pour son plus grand plaisir, pour réveiller sa conscience bien endormie, rien n’est épargné au public enthousiaste qui en redemande et applaudit comme il se doit ce formidable quintet de femmes. N’hésitez pas, foncez, militez et rendez leurs corps aux femmes libérées de toute culpabilité, de tout préjugé !
Par Olivier Fregaville-Gratian d’Amore
Les secrets d’un gainage efficace, création collective par les Filles de Simone
Théâtre du Rond-Point
2bis av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
jusqu’au 3 février 2019
du mardi au dimanche à 18h30
durée 1h30
Texte de Tiphaine Gentilleau et des Filles de Simone
Avec Tiphaine Gentilleau, Cécile Guérin, Claire Méchin, Chloé Olivères, Géraldine Roguez
Direction d’actrices de Claire Fretel
Lumières de Mathieu Courtaillier
Scénographie et costumes de Sarah Dupont
Musique d’Étienne Széchényi
Production et diffusion : Histoire de…— Alice Pourcher, Clémence Martens
Administration : Audrey Taccori
Crédit photos © Giovanni Cittadini Cesi
Crédit illustration © Stéphane Trapier