Des origines à nos jours, Antoine Guillaume revisite l’histoire de la comédie musicale, celle qui fait, depuis plus d’un siècle, les beaux jours de Broadway à New York. Avec émerveillement et fascination, il invite à partager cette passion obsédante qui ne le quitte plus depuis ses 16 ans et réinterprète pour notre plaisir les grands standards du genre. Une balade musicale instructive à découvrir au Lucernaire.
Tout commence dans les coulisses d’un théâtre. Alors qu’au loin retentissent les premières notes de l’ouverture de Cabaret de Joe Masteroff, Antoine Guillaume apparaît en tenue de lumière et susurre avec délectation comment est née cette passion dévorante, prenante pour les comédies musicales, un soir de printemps de 1996 à Londres, lors d’une sortie scolaire. Le coup de foudre est immédiat. Le jeune adolescent sait d’ores et déjà que « la vie n’est pas musicale » et que le seul moyen de lui donner toutes ces nuances, ces tonalités, ces mélodies qui vont vibrer le cœur, l’âme, c’est de se laisser emporter par les airs qui ont fait de Broadway, le haut lieu de création du Musical.
De Cats en passant par la Mélodie du Bonheur, de Show Boat à Kiss me Kate, Antoine Guillaume remonte le fil de l’histoire des comédies musicales pour mieux nous parler de son goût pour ce genre de spectacle qu’il considère comme le plus complet de tous car il allie l’ensemble des arts vivants. On peut difficilement lui donner tort surtout quand derrière l’une de ses revisites de Sunset Boulevard, on imagine la divine Glenn Close apparaître.
Véritable « performer », Antoine Guillaume sait transmettre avec ingéniosité et talent son amour du musical. Charismatique, le jeune homme nous entraîne de ses premiers émois à ses coups de cœur, les plus récents dans un monde drôle, bouleversant, humain, qui loin de l’image populaire n’est pas fait que de paillettes. Redorant le genre, avec sa complice, la pianiste Julie Delbart, il redonne vie à des standards oubliés, des tubes qui ont marqué l’histoire du théâtre et permis de créer une catégorie de spectacle à part entière, à l’égal de l’opéra, du ballet ou de la comédie.
Si le personnage séduit, on peut regretter le parti-pris de l’artiste -et de son metteur en scène Michel Kacenelenbogen – de chuchoter en permanence la partie parlée du spectacle. Si l’on est sur le ton de la confidence, le fait de maintenir par convention le spectateur en coulisse perd rapidement de son intérêt et laisse au long court une impression peu agréable, d’autant que le son est « microté » et donc amplifié. Par ailleurs, on peut regretter, derrière le bel effort didactique que certains airs, n’étant identifiables que par les férus de comédie musicale, les novices restent sur le carreau faute d’avoir toutes les clés d’apprentissage.
Malgré tout, la magie opère et c’est bien le principal. Une heure trente durant, le voyage au cœur du Musical à la sauce passionnée d’Antoine Guillaume est fort émouvant et savoureux. Un moment plein de fantaisie qui donne du baume au cœur et des couleurs à la grisaille du quotidien.
Par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Vous avez dit Broadway ? d’Antoine Guillaume
Théâtre du Lucernaire – théâtre rouge
53, rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
jusqu’au 28 octobre 2018
du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 18h
durée 1h30
Mise en scène de Michel Kacenelenbogen assisté de Lou Kacen
avec Antoine Guillaume et Julie Delbart au piano
scénographie de Noémie Vanheste
lumière de Laurent Kaye
ingénieur du son : Jérémy Saive
costumes de Delphine Coers et Héloise Mathieu
Crédit photos © Gaël Maleux