Couv_je m'en vais mais l'état demeure_Avignon_train Bleu_ ©Simon Gosselin_@loeildoliv

Le théâtre du pouvoir croqué avec mordant par le collectif Royal Velours

Au train bleu, Hugues Duchêne évoque l'éviction d'Olivier Py de la direction de l'Odéon pour des raisons autres que le bon fonctionnement de l'institution.

De l’éviction d’Olivier Py à la tête de l’Odéon à la montée du djihadisme en France, des affaires de harcèlement sexuel à celle des antifas, Hugues Duchêne se fait un malin plaisir d’en donner une lecture lucide, satirique et désopilante. À l’instar des autres jeunes collectifs, le Royal Velours réinvente le théâtre de demain en s’attachant à l’épurer de tout artifice superflu. Bravo !

Grand, silhouette filiforme, Hugues Duchêne se place au centre de la scène. En quelques mots, il se présente et annonce la tonalité du spectacle qui va suivre. Dans le premier opus, Le roi sur sa couleur, il plonge dans les arcanes du pouvoir et éclaire d’un regard neuf les tenants et aboutissants du non-renouvellement d’Olivier Py, à la tête de l’Odéon – Théâtre de l’Europe. Dans le second, Je m’en vais mais l’État demeure, il fait la chronique polito-judiciaire de l’année écoulée.

Très vite, on reconnaît le ton satirique, mordant, véritable marque de fabrique de ce jeune comédien, issu des rangs de l’école de la Comédie-Française. Il n’épargne rien, ni personne. Très tôt politisé – à 15 ans, il intègre le mouvement des Jeunes socialistes – le jeune homme a appris à débusquer les arrangements avec la vérité et croque avec un plaisir certain les « faits du Prince », la surmédiatisation et les dérives d’un système judiciaire aux abois. Ainsi, il contrefait avec aisance un Sarkozy peu au fait de la politique culture et, avec tendresse, un Eric Ruf plus vrai que nature.

Aff_je m'en vais mais l'état demeure_Avignon_train Bleu_@loeildoliv

Entraînant sa troupe dans un tourbillon d’informations façon zapping, Hugues Duchêne signe deux pièces captivantes qui égratignent avec ingéniosité et virtuosité l’intelligentsia parisienne et l’aristocratie d’Etat. Caricaturant avec humour et espièglerie, Carla Bruni (désopilante Marianna Grancy), Luc Bondy (inénarrable Théo Comby-Lemaître), Stéphane Braunschweig, Jean-Michel Ribes (impayable Pénélope Avril), François hollande, le Royal Velours, version sextet ou septet, s’amuse follement.

Si parfois le rire est jaune, grinçant, le jeune collectif tout feu, tout flamme, captive en donnant une puissance comique à l’écriture ciselée, parfois féroce, d’Hugues Duchêne. Derrière les facéties de ces jeunes artistes, leur facilité à interpréter différents personnages à un rythme véloce et soutenu, ne nous y trompons pas, la relève du théâtre de demain est en route et fait déjà des étincelles… Le Royal velours, un collectif détonnant à suivre assurément !

Par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


aff_le roi sur sa couleur_avignon_train bleu_@loeildoliv

Le roi sur sa couleur d’Hugues Duchêne
Festival d’Avignon le OFF
Théâtre du Train bleu
Rue Paul Saïn
84000 Avignon
trois représentations exceptionnelles les lundis 9, 16 et 23 juillet 2018 16h30
durée 75 minutes

Mise en scène d’Hugues Duchêne
Avec Pénélope Avril, Vanessa Bile-Aubouard, Théo Comby-Lemaître, Marianna Granci, Hugues Duchêne & Laurent Robert
regard extérieur :  Gabriel Tur
Production : Le Roi Velours

Je m’en vais mais l’Etat demeure d’Hugues Duchêne
Festival d’Avignon le OFF
Théâtre du Train bleu
Rue Paul Saïn
84000 Avignon
jusqu’au 28 juillet 2018
tous les jours pairs à 11h45
durée 65 minutes

Mise en scène d’ Hugues Duchêne
Avec Pénélope Avril, Vanessa Bile-Aubouard, Théo Comby-Lemaître, Marianna Granci, Hugues Duchêne, Laurent Robert & Gabriel Tur
Création vidéo : Pierre Martin
Production : Léa Serror (copilote)

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