Est-ce une femme, un homme travesti ? Véritable tempête humaine, Michel Fau balaye, d’un sourire, les derniers préjugés. Flamboyant autant que pathétique, il invite à un tourbillon facétieux, où tragédie et comédie se mêlent avec virtuosité. Tour à tour diva décatie, clown triste ou poète joyeux, il charme de sa gouaille, de sa présence lumineuse. Une gourmandise pétillante à savourer sans tarder !
Dans le décor rose bonbon, kitsch à souhait, d’une suite de palace normand, une femme mûre et accorte s’agace de ne pas avoir encore récupéré ses bagages. Riche, un brin loufoque, Lady Margaret (éblouissant Michel Fau en diva peroxydée) ne s’en laisse pas compter. Elle exige et tance d’une voix de crécelle grave et désaccordée la pauvre réceptionniste, qui selon ses sarcastiques dires à tout de la musaraigne. L’entrée du jeune et ténébreux groom (épatant Antoine Kahan), affublé d’un costume rose fort moulant et ridicule, va tout changer.
Séduite par l’avantageux physique de celui qu’elle décide d’appeler « Boy », l’esseulée et tyrannique Margaret se fait chatte. Elle cajole et câline à coup de billets l’attrayant garçon. Bien décidée à rompre la mélancolie du quotidien et la pesante solitude qui l’assaille, l’effrontée dame propose au sémillant éphèbe un marché fort avantageux qu’il ne peut refuser. Chaque jour, il s’engage à rejouer une scène de la vie amoureuse fantasmée de cette cougar perverse et perchée. Ainsi, il sera tour à tour vétérinaire dans le Sussex, marin au long cours, chevalier en cotte de maille ou otage. De ces jeux de rôles tous plus tordus les uns que les autres vont relever les personnalités de ces deux êtres que tout oppose. L’odieuse lady laissera entrevoir ses fêlures secrètes, l’arrogeant jeune homme dévoilera un cœur plus tendre qu’il n’y paraît.
Bête de scène, clown facétieux tantôt pathétique, tantôt flamboyant, Michel Fau aime à parodier, à pasticher les divas. Il se régale à se maquiller, porter perruque et se travestir. Laissant son costume pailleté de pulpeuse brune, il se glisse cette fois dans la peau d’une vieille fille blond platine, méchante et terriblement gouailleuse. Très vite, on se laisse prendre. Homme-femme peut-être, mais divine lady assurément. S’appuyant sur le texte burlesque et loufoque de Christian Siméon, sur les chansons désuètes, un brin canaille de Michel Rivgauche notamment, il compose un personnage haut en couleur qui titille nos zygomatiques et nous séduit.
Accompagné sur scène du charmant Antoine Kahan dont le sourire ravageur et la personnalité savoureusement ambiguë font mouche, il s’amuse et réinvente le boulevard façon Maillan ou Desmarets. Homme de théâtre, il a le sens du rythme et de la formule. Dès que l’attention du public retombe, il sait d’un tour de main, d’une grimace, d’une intonation la capter à nouveau pour ne plus la lâcher.
Burlesquement drôle, « loufoquement » kitsch, Névrotik-Hôtel est un spectacle tragi-comique à déguster goulûment, un bijou musical « so queer » hilarant et poignant à courir voir !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore pour Attitude Luxe
Névrotik Hôtel de Christian Siméon
Théâtre des Bouffes du nord
37 bis, Boulevard de la Chapelle
75010 Paris
reprise jusqu’au 27 mai 2018
Du mardi au samedi à 20h30 et en matinée le dimanche à 16h00
jusqu’au 8 janvier 2017
Du mardi au samedi à 20h30 et en matinée le dimanche à 16h00
Durée 1h30
Mise en scène Michel Fau
Trame et dialogues Christian Siméon
Chansons Michel Rivgauche, Julie Daroy, Pascal Bonafoux, Jean-François Deniau, Christian Siméon, Hélène Vacaresco, Claude Delecluse et Michelle Senlis
Avec Michel Fau et Antoine Kahan
Piano Mathieu El Fassi
Accordéon Laurent Derache
Violoncelle Lionel Allemand
Musiques Jean-Pierre Stora
Décor Emmanuel Charles
Costumes David Belugou
Lumières Joël Fabing
Maquillages Pascale Fau
Perruque Laure Talazac
Assistant à la mise en scène Damien Lefèvre