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Penser qu’on ne pense à rien…, balade cocasse et désopilante en Absurdie

Au théâtre de Belleville, Pierre Bénézit nous invite à un désopilant voyage en Absurdie

Les mots se jouent de leur sens. Les paroles s’entremêlent en un savoureux, un délectable galimatias où la raison trépasse face à une douce et folle absurdité. S’intéressant aux maux de nos sociétés contemporaines où dialogue, rapports aux autres sont de plus en plus ardus et complexes, Pierre Bénézit compose une gourmandise théâtrale fait d’incongruité mélancolique et d’humour noir. Un bijou !

Dans un espace où traîne de-ci de-là quelques chaises abandonnées, un homme (étonnant Vincent Debost) assis attend le regard dans le vide. Très vite, il est rejoint par un comparse (épatant Luc Tremblais en alternance avec Olivier Broche). Entre eux, un dialogue fort saugrenu s’amorce. Ils échangent des phrases sorties de leur contexte, émanant d’une discussion téléphonique. Mais, cela tourne court. L’un bute sur les mots, les silences, l’autre s’exaspère. Inlassablement, ils recommencent. Une sonnerie retentit mettant fin à ce singulier manège. Une jeune femme (lumineuse Anne Girouard) fait son entrée. Un brin décontenancée devant le vide qui règne dans cette ancienne épicerie, elle cherche son chemin et accessoirement une bouteille de vin rouge.

PENSER - Belleville_TOP 684 _© Guillaume Ledun ok-min_@loeildoliv

Bien évidemment, elle ne trouvera ni l’un, ni l’autre. Mais peu importe, elle va faire la connaissance de deux êtres farfelus, fort attachants. S’immisçant dans le quotidien de ses deux cousins perchés, elle entre dans une danse burlesque de mots, de pensées. Prise au piège de ce réjouissant ballet verbal, elle se délecte de ce pas de deux, de trois à contre temps d’un monde si raisonnable, si ordonné.

Face à monde où le tissu social part en quenouille, où invariablement les mêmes dialogues ennuyeux servent de pis-aller pour alimenter des discussions sans attraits, Pierre Bénézit s’amuse des faux et contre sens et signe un conte contemporain absurde, bouleversant. Sa plume drolatique et sa verve espiègle stimulent intelligemment nos zygomatiques et touchent au cœur. Si parfois le rythme perd un peu de force, très vite le jeu virtuose des trois comédiens rattrape notre attention vagabonde. Il faut dire qu’il faut suivre les circonvolutions particulièrement alambiquées et vertigineuses de nos gais lurons.

Au de-là du texte, véritable et savoureuse friandise fait d’absurdités et d’illogismes légèrement cynique, on ne peut que saluer la performance scénique des acteurs. Un brin pataud, Luc Tremblais campe délicieusement les ahuris gauches. Mélancolique, coincé, refusant de s’intégrer à une société qui a perdu son âme, Vincent Debost se délecte avec un plaisir indicible à prendre le contre point de toute raison. Enfin, rayonnante, Anne Girouard amène douceur et joliesse à l’ensemble. Touchante, désopilante, elle s’amuse à contrecarrer toutes les assertions de ses deux interlocuteurs.

Laissez vous prendre au jeu et embarquez dans ce voyage ubuesque… Rires garantis !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


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Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser quelque chose de Pierre Bénézit
Théâtre de Belleville
94, Rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
du mardi au samedi à 19h15 et le dimanche à 15h
durée 1h05

mise en scène Pierre Bénézit
Avec Vincent Debost, Anne Girouard, et Olivier Broche remplacé par Luc Tremblais les 13, 18, 20, 27 janvier et les 2, 6, 8 et 10 février
Scénographie de Pascal Crosnier
Création lumière de Julien Crépin

Crédit photos © Guillaume Ledun

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