Déhanchés provoquants, jambes galbées dans des collants noirs brillants, Miss Knife, diva surannée, un brin pathétique, ensorcèle son auditoire de sa voix de velours. Évoquant ses histoires passées, ses espérances perdues et ses déceptions amoureuses, Olivier Py et son double féminin nous embarquent dans une balade tout autant drôle que mélancolique. Un captivant cabaret des illusions perdues.
Perruque platine, robe fourreau brillant de mille feux et bijoux clinquants, Miss Knife fait son entrée sur les applaudissements et les notes jazzy d’un orchestre live. Pas chaloupés, démarche aguicheuse, la singulière chanteuse, un brin désuète, un poil pathétique, entonne sa première chanson. Voix chaude, envoûtante, grave, elle plonge dans ses souvenirs, se remémore ses heures de gloire. Avec un humour mordant, piquant, elle se remémore ses amours perdues, ses amants de passage, ses histoires passionnelles. Elle joue de son corps mi-femme, mi-homme séduisant de ses gestes sensuels, provoquants un parterre fasciné
Capricieuse, changeante, elle vole, virevolte, se couche à terre, tape des pieds. Voix montant dans les aigues, puis opératique, elle harponne son public, le prend dans ses rets fait de paillettes, de strass. Libertine impudique, elle se conte et égratigne ses contemporains, au détour d’une chanson évoque ses rencontres furtives avec des hommes dans les toilettes de la gare de l’Est, son droit à la différence, le harcèlement sexuel, l’affaire Weinstein. Derrière les rires, viennent les larmes amères de la désillusion, les tourments de l’âme triste, mélancolique qui habitent ce corps de cinquantenaire.
Loin de l’homme public, Olivier Py se libère de ses démons en se glissant dans la peau de son double féminin flamboyant et éblouissant. Au-delà des apparences, la chanteuse de cabaret donne sa voix aux textes noirs, aux spleens du dramaturge. Maniant les mots avec passion, il laisse son vague à l’âme, ses angoisses, ses désespérances prendre le pas et signe des chansons poétiques, poignantes emplies d’une tristesse émouvante, largement inspirées de ses lectures de Mallarmé, de Baudelaire ou de Nerval.
Entouré de ses quatre virtuoses musiciens (Julien Jolly, Olivier Bernard, Stéphane Leach et Sébastien Maire), Olivier Py nous embarque dans son monde avec une sincérité bouleversante, une joie touchante. Invitant deux autres divas, deux amies truculentes, Miss Knife fait ses premiers adieux sous les auspices d’un clown triste radieux.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Les premiers adieux de Miss Knife d’Olivier Py
Théâtre de l’Œuvre
55, rue de Clichy
75009 Paris
quatre dates exceptionnelles : les 2, 3, 9 et 10 février 2018 a 23h
chant : Olivier Py
batterie : Julien Jolly
saxophone, flûte : Olivier Bernard
piano : Stéphane Leach
contrebasse : Sébastien Maire
Crédit photos © Rebecca Greenfield