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Le cercle de whitechapel, une ligue extraordinaire contre le crime

Au Lucernaire, Jean-Laurent Silvi et Julien Lefebvre nous plongent dans les bas-fonds de Londres avec Le Cercle de Whitechapel.

La mort rode, violente, féroce. Son messager, Jack l’éventreur, terrorise le Londres victorien. Pour mettre un terme à ces crimes atroces, un fin limier réunit de grands noms de la littérature et de la presse. Fasciné par l’histoire de ce tueur en série, Julien Lefebvre signe une comédie noire, un thriller décalé que la mise en scène de Jean-Laurent Silvi souligne astucieusement. Sympathique !

Dans une sorte d’entrepôt insalubre et poussiéreux, parfaitement recréé par les talentueux Margaux van den Plas et Corentin Richard, la fine fleur de l‘intelligentsia londonienne de cette fin de XIXe siècle a rendez-vous. Réunis par Sir Herbert Greville (aristocratique et malin Pierre-Arnaud Juin), rêve de damer le pion au grand patron de Scotland Yard et ainsi prendre sa place, sir Arthur Conan Doyle (Ludovic Laroche, épatant de malice) , Bram Stoker (tonitruant Jérôme Paquatte), Georg Bernard Shaw (cinglant et acerbe Nicolas Saint-Georges) et la Mary Lawson (excessive Stéphanie Bassibey) vont devoir affûter leur esprit, étudier avec minutie les indices pour découvrir qui est donc ce monstre qui terrifie le cœur de la capitale anglaise et mutile si sauvagement les prostituées qui officient dans le quartier pauvre de Whitechapel.

WhiteChapel_3_Lucernaire_© l instant dans regard_@loeildoliv

Séduit par l’histoire du célébrissime Jack l’Eventreur dont l’identité reste encore de nos jours un mystère, le jeune auteur Julien Lefebvre s’empare du mythe et signe un thriller caustique, une comédie policière plutôt bien ficelée. S’inspirant de La Ligue des gentlemen extraordinaires et de From Hell, bandes dessinées scénarisées par Alan Moore, il fait se confronter, dans un QG situé à deux pas des scènes de crimes, l’esprit d’observation, de déduction du père de Sherlock Holmes à celui plus calculateur du critique artistique le plus sarcastique de Londres, la passion ésotérique du créateur de Dracula à celle plus clinique de la première femme médecin d’Angleterre.

De sa plume ciselée bien qu’un brin bavarde, il compose une singulière et drolatique enquête faite de chausse-trappes, de fausses pistes, où les rivalités de coqs s’exacerbent pour notre plus grand plaisir. Si on peut regretter quelques longueurs, quelques rebondissements de trop, on se laisse emporter par les répliques bien senties, la mise en scène enlevée de Jean-Laurent Silvi et l’interprétation au cordeau des comédiens.

La truculence de Jerôme Paquatte répond à l’humour noir et provocateur de Nicolas Saint-Georges, le charisme machiavélique de Pierre-Arnaud Juin à la timidité perspicace de Ludovic Laroche, véritable héros de ce huis-clos policier. Bien que le jeu plus appuyé de Stéphanie Bassibey soit moins convainquant, on passe un bon moment, bien qu’un poil long, en compagnie de nos enquêteurs d’un soir qui rivalisent d’intelligence.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


AFFICHE_Le cercle de Whitechapel_lucernaire_@loeildoliv

Le cercle de whitechapel de Julien Lefebvre
Théâtre du Lucernaire – Salle rouge
53, rue Notre-Dame-des-Petits-champs
75006 Paris
Jusqu’à 15 avril 2018
Du mardi au samedi 21h et le dimanche à 18 h

mise en scène de Jean-Laurent Silvi
avec Stéphanie Bassibey, Pierre-Arnaud Juin, Ludovic Laroche, Jérôme Paquatte & Nicolas Saint-Georges
décors de Margaux van den Plas et Corentin Richard
costumes d’axel boursier
lumières d’éric milleville
musiques d’Hervé Devolder

Crédit photos © L’instant d’un regard

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