Dix jours durant, Chaillot s’est mis au pas de deux de l’Europe du Nord. Invitant en son sein la crème de la danse contemporaine venue du Grand Froid, le temple art déco vibre d’une force nouvelle, interroge le genre et secoue les aprioris. Séduit par la fraîcheur décalée des pièces chorégraphiques et par la présence scénique des interprètes, le public applaudit à tout rompre. Bravo !
Venus d’Islande, de Finlande, de Suède, de Norvège et du Danemark, six chorégraphes et leurs troupes investissent le palais de Chaillot. Si chacun cultive son style, il se dégage de la plupart de leurs ballets, une énergie poétique, une force vitale qui chavire, envoûte et force nos esprits à s’ouvrir au monde. Interrogeant nos sociétés sur leurs peurs, leurs doutes, leurs préjugés, ils cultivent le droit à la différence.
Pour cette dernière après-midi consacrée au Festival Nordique, un programme mixte, réunit en trois temps d’audacieux chorégraphes scandinaves d’une génération tout feu tout flamme. Alors que Bára Sigfúsdóttir et Eivind Lønning signent avec Tide un singulier et hypnotique dialogue entre corps et trompette, Ina Christel Johannessen réinvente le mythe de Schéhérazade. Ces deux duos de danseurs jouent de l’attraction des corps. Si dans le premier, l’écriture chorégraphique saccadée répond aux inflexions étranges d’une partition improvisée en « live », dans le second, l’homme tente par tous les moyens de prendre possession de la femme, de la soumettre à son désir. Dans un twist livresque, un ensorcelant pas de deux, cette dernière, ingénieuse, maligne, laisse l’amour et l’égalité entre les deux sexes triompher.
Enfin, dans TheWomanhouse, Andreas Constantinou et son collectif Himherandit questionnent la masculinité et le genre. Dans un carré blanc, quatre hommes-femmes ou femmes-hommes jouent des mécaniques, s’amuse des stéréotypes. Batailleurs, belliqueux, chacun de ces êtres va l’un après l’autre montrer sa supériorité dans un solo burlesque saturé de testostérones. Un bijou d’humour décalé et troublant qui force à la réflexion. Brillant !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Tide/ Sheherazade / The WomanHouse
Théâtre national de Danse de Chaillot
1 place du Trocadéro
75016 Paris
jusqu’au 27 janvier 2018
durée 1h45
Tide
Chorégraphie de Bára Sigfúsdóttir
Musique d’Eivind Lønning
Avec Eivind Lønning, Bára Sigfúsdóttir
Production Grip.
Coproduction Kunstenwerkplaats Pianofabriek (Belgique).
Diffusion Internationale A Propic / Line Rousseau Et Marion Gauvent
Avec le soutien De Kc Nona (Belgique), Sláturhúsid Egilsstadir (Islande), Reykjavik Dance Atelier (Islande) et Scenehuset Oslo (Norvège) et le soutien De Funding For Norwegian And Icelandic collaboration, de L’art Council Norway, de La Commission Communautaire Flamande (Vgc) et Du Mobility Fund Of The Nordic Culture Point
Remerciements à An De Hondt.
Scheherazade
Première En France
Chorégraphie d’Ina Christel Johannessen
Costumes de Stine Sjøgren
Lumières de Kristin Bredal
Avec Yoshifumi Inao et Camilla Spidsøe Cohen (Du Ballet National De Norvège)
Musiques Schéhérazade De Nikolaï Rimski-Korsakov, Lalalala Gohle Laleh (Berceuse Perse issue de l’album Lullabies From The Axis Of Evil)
Production Ballet National De Norvège.
Thewomanhouse
Chorégraphie d’Andreas Constantinou
Costumes d’Andreas Constantinou
Coiffure, Stylisme de Michael Cornege
Lumières de Peer Mariboe, Jeppe Cohrt
Collaboration Artistique : Noelia Mora Solvez, Jeppe Nilsen
Musique Antonio Vivaldi, Nirvana, Frédéric Chopin, Death Token
Texte français Et surtitrage en direct : Mike Sens
Avec Sarah Armstrong, Helena Wilhelmsson, Daniel Mariblanca, Hilde Sandvold
Musique Antonio Vivaldi, Nirvana, Frédéric Chopin, Death Token
Crédit photos © Erik berg & © Nanna Dis