Une musique s’élève dans le silence, ensorcelante, envoûtante. Une voix psalmodiant des vers avec ardeur, exaltation, se joint à ce concert qui mêle habilement notes et mots. Avec délicatesse, la poésie de Martine-Gabrielle Konorski entre en résonnance avec les notes du compositeur espagnol Federico Mompou pour un voyage mélodique et lyrique au pays des amours éternelles.
Dans la pénombre, une lueur éclaire un piano à queue. Du fond de la scène, une silhouette (épatante Jacqueline Bourgès-Maunoury) apparaît, se dirige vers l’instrument et s’installe. Ses mains caressent les touches blanches et noires. Les premières notes rompent le silence nous entraînant dans un univers féerique, un brin mystique. Totalement conquis par ce préambule musical, on est prêt à entendre les premiers poèmes de Martine-Gabrielle Konorski. Puisant dans son expérience, dans ses réflexions sur l’amour, sur la mort, sur la passion, sur l’absence, elle nous livre ses pensées les plus intimes, les plus personnelles.
Portés par la flamboyante Maud Rayer, les mots prennent vie. Ils volent, virevoltent et nous entraînent dans une déambulation imaginaire des plus troublantes. Ils nous enveloppent dans un cocon ouaté laissant nos propres émotions s’exprimer, se libérer. La voix profonde, chaude, la présence scénique lumineuse de la comédienne, enchantent, captivent. Ainsi, le temps d’une soirée, d’une balade bucolique au pays d’une poésie réaliste et humaine, on a l’impression euphorisante de s’éloigner du monde gris, moderne qui nous entoure. La mise en scène sobre et élégante de Coralie Pradet souligne avec délicatesse cette flânerie au cœur de ce chant vibrant, lyrique.
Avec une facilité déconcertante, les notes de Federico Monpou et les mots de Martine-Gabrielle Konorski entrent en un harmonique dialogue des plus fascinants. Envoûté par ce singulier récital, le public se laisse totalement ensorceler par ce moment de théâtre hors du temps, ce poétique concerto de voix et piano mêlés.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Accords de Martine-Gabrielle Konorski
Théâtre des Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
jusq’au 13 janvier 2018
Du mardi au samedi à 19h30
Durée 1h30
Mise en scène de Coralie Pradet
Avec Maud Rayer et au piano Jacqueline Bourgès-Maunoury
Musique de Federico Mompou
Crédit photos © iFou pour le Pôle Média