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Indociles, portrait touchant et brûlant d’une enfance chaotique

Au théâtre des Mathurins, Audrey Dana donne à la vie mille couleurs dans Indociles.

En plongeant dans ses souvenirs d’enfance bohème, Audrey Dana nous invite à un ballet foutraque, vibrant, à une ronde de vie où la jeune fille turbulente, indocile, qu’elle était, se construit au gré des rencontres toutes plus truculentes les unes que les autres. Un parcours initiatique et salvateur qui dose émotion et sensibilité pour mieux nous saisir dans un final poignant, bouleversant.

Derrière un chevalet portant le châssis vide d’un tableau fictif, une ombre longiligne (lumineuse Audrey Dana) semble perdue dans ses pensées. Elle rêve à ce qu’elle pourrait bien esquisser sur cette toile vierge, imaginaire. Côté cour, derrière une monumentale batterie, une femme (Lucie Antunes), baguettes en suspens dans les airs, attend le signal pour faire résonner dans la salle les premières notes, coup d’envoi d’un voyage tortueux et vibrant dans la mémoire d’une insoumise, d’une indocile.

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Tenue noire moulante, cheveux longs, visage souriant, espiègle, la jeune sylphide s’avance sur le devant de la scène. Droite, elle scrute l’horizon en quête de réponse. Comment une jeune fille indisciplinée, une enfant de parents absents qui ne vivent plus ensemble et se déchirent, est-elle devenue artiste ? Comme la passion du dessin l’a sauvée de la perdition ? Elle esquisse quelques mouvements, quelques pas de danse et plonge dans ses souvenirs d’enfant.

Fille d’un père journaliste, très occupé, et d’une mère américaine, fêtarde et oisive, la douce enfant s’ennuie à l’école. Elle dessine, chante, s’amuse. Rebelle, elle est régulièrement recadrée par une instit’ peu coulante. Véritable trublion au cœur d’or, elle fait un pacte avec ce paternel qui la fascine : si elle a son bac, il accepte qu’elle devienne artiste peintre. C’est ce deal qui l’empêchera de sombrer quand la vie dorée à deux pas de Paris se transforme en « trip » bohème dans une ferme en ruine où sa chère maman à court d’argent décide de devenir Famille d’accueil.

Mêlant sa plume vive, débridée, à celle de sa complice, l’auteure Murielle Magellan, Audrey Dana nous entraîne au cœur des tourments de l’adolescence et dresse une galerie de portraits des plus piquante. Préférant raconter ce passage trouble de l’enfance à l’âge adulte dans les rencontres qui l’ont construite, elle esquisse par touches, par instants de vie un panel drôle et poignant d’hommes, mais surtout de femmes libres, indociles. Si l’ensemble à parfois un côté patchwork mal assemblé, la présence lumineuse, le jeu habité de l’étonnante comédienne finissent par faire mouche. Elle nous entraîne dans une ronde émotionnelle qui monte crescendo. De plus en plus juste, poignante, elle nous ensorcelle littéralement dans un final bouleversant.

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Ce n’est pas tant l’histoire en soit qui fascine, mais la facilité déconcertante avec laquelle Audrey Dana se glisse dans la peau d’une dizaine de personnages, tous plus différents les uns que les autres. Voix grave portant chapeau, elle est le père. Léger accent américain, pose lascive, elle est la mère. Et ainsi de suite, elle nous embarque dans le monde étrange et vibrant de son enfance. En somme, un joli moment de théâtre.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

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Au théâtre des Mathurins, Audrey Dana donne à la vie mille couleurs dans Indociles

Indociles de Murielle Magellan et Audrey Dana
Théâtre des Mathurins
36, rue des mathurins
75008 Paris
jusqu’au 18 novembre 2017
du mardi au samedi à 19h00
représentation exceptionnelle le dimanche 3 septembre à 16h00
durée 1h15

mise en scène de Murielle Magellan et d’Audrey Dana.
Avec Audrey Dana.
Création musicale de Lucie Antunes.
Scénographie de Antoine Py
Chorégraphies de Karine Briançon
Lumières de Christophe Offenstein
Assistante à la mise en scène de Malika Birouk

Crédit photos © Emilie Brouchon

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