Amateurs de sueurs froides, de frissons et d’humour noir, la Dame blanche est un spectacle fait pour vous. Les portes grincent, les fantômes volent, les esprits des morts troublent toute tranquillité … Pris dans les fils surnaturels de l’intrigue, scotchés au siège, on se laisse porter avec délice et malice par ce thriller théâtral mené de mains de maître par le duo Azzopardi et Danino, et porté par une troupe fantastique… grisant, glaçant !…
À peine passées les portes du théâtre du Palais-Royal, le spectateur bascule dans une autre dimension. Les ouvreuses ont disparu laissant leur place à des sortes de zombies recouverts d’oripeaux élimés, les visages masqués par d’affreux sacs en toile de jute, rafistolés. L’effet est bluffant, saisissant. Tout le monde file droit. Installés, le regard inquiet, hagard, les spectateurs se dévisagent, et scrutent l’espace, espérant anticiper la prochaine chausse-trappe, la frayeur suivante. Trop tard, le noir se fait. Direction la Bretagne, la forêt de Brocéliande, les alignements de Carnac et ses légendes.
L’histoire pourrait être banale : un homme, Malo (charismatique Arthur Jugnot), gendarme de son état, est tiraillé entre sa femme (étonnante Réjane Lefoul) et sa maîtresse (lumineuse Anaïs Delva), mais les mystères celtiques et les fées d’antan vont troubler la quiétude du trio et de ses familiers. Témoins malgré nous, cobayes d’une expérience au-delà du naturel, on se laisse embarquer dans cet instant théâtral, unique, glaçant…
En misant sur des effets spéciaux impressionnants, des gadgets délirants, des effets de manches toujours plus inventifs, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino créent l’illusion d’un monde fantastique où le rire n’est jamais loin de la frayeur. Toujours sur le qui-vive, on se laisse prendre au jeu, d’autant plus qu’on fait partie intégrante de l’histoire. Pas un moment de répit, le spectacle est mené tambour battant. C’est fascinant !…
Dans un décor sur plateau tournant, on passe en un clin d’œil d’une ambiance à l’autre, chaque personnage apportant sa part d’humanité, de douceur et de noirceur. Anaïs Delva, enfin Libérée, délivrée de la Reine des neiges, est tour-à-tour pétillante, grave, sombre et accorte. Sa chevelure flamboyante, son sourire éclatant, illuminent la scène. Arthur Jugnot est terriblement humain et bouleversant : si c’est un personnage lâche, un peu torturé et perdu, il séduit surtout par sa jovialité et sa simplicité. En vieille voisine excentrique, un peu folle, Michèle Garcia est tout simplement divine. Les autres comédiens sont à l’unisson du duo : parfaits. Tous nous embarquent dans cet univers sombre et inquiétant.
Le souffle coupé, le rire nerveux, le public est en transe, tant l’atmosphère des films d’horreur est parfaitement restituée. Laissez-vous tenter, foncez ressentir le frisson, la peur, vous ne le regretterez pas !…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
La Dame Blanche de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
Théâtre du Palais Royal
38, rue de Montpensier – Paris 1er
Avec Arthur Jugnot, Anaïs Delva, Sébastien Pierre, Réjane Lefoul, Emma Brazeilles, Michèle Garcia, Benoît Tachoires
Décors de Juliette Azzopardi
Costumes de Pauline Yaoua-Zurini
Lumières de Philippe Lacombe
Magie de Kamyleon
Vidéo : Mathias DELFAU
Sculpture de Jean Godement
Masques de Marion Even
Crédit photos © Emilie Bouchon