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Un Obus dans le cœur de Wajdi Mouawad … Un grand cri d’amour et de souffrance

C’est un hurlement qui déchire le silence. Une force violente qui vient du cœur de Wadji Mouawad. Seul en scène, Gregori Baquet est ce jeune homme, marginal, artiste, en rage, dont la mère se meurt. Il est l’enfant apeuré, trop tôt confronté à la mort et à la barbarie de la guerre. Il est cet homme adulte en devenir. Il incarne avec force ce texte simple et onirique, porté par une mise en scène épurée où chaque tableau semble un instantané photographique… Percutant !.. L’argument : Un jour, ma mère s’est mise à avoir un visage autre. C’est peut-être ça, le début

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Un Obus dans le cœur avec Gregori Baquet explose Au théâtre des balcons

C’est un hurlement qui déchire le silence. Une force violente qui vient du cœur de Wadji Mouawad. Seul en scène, Gregori Baquet est ce jeune homme, marginal, artiste, en rage, dont la mère se meurt. Il est l’enfant apeuré, trop tôt confronté à la mort et à la barbarie de la guerre. Il est cet homme adulte en devenir. Il incarne avec force ce texte simple et onirique, porté par une mise en scène épurée où chaque tableau semble un instantané photographique… Percutant !..

L’argument : Un jour, ma mère s’est mise à avoir un visage autre. C’est peut-être ça, le début de mon histoire.
Wahab est réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone lui apprenant que sa mère, malade d’un cancer, agonise. En s’acheminant vers l’hôpital, Wahab se prépare à dompter la mort, à nouveau. La dernière fois il avait 7 ans. Tout le mène à ce face-à-face avec la mort, avec sa peur d’enfant, qu’il doit terrasser pour enfin se libérer. Le chemin de Wahab est un chemin douloureux, où se côtoient l’innocence, la colère, l’incompréhension, la tendresse et aussi l’humour.
 » Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier !  »

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Dans un décor minimaliste, Grégori Baquet vit son personnage avec intensité

La critique : Dans le silence, une voix « off » s’élève. Elle est calme, posée. Elle questionne, elle interroge : « Sait- on comment une histoire commence ?… ». Et quelle histoire, que celle de Wahab (intense Gregori Baquet). Le début, est-ce ce coup de téléphone qui le réveille en pleine nuit, lui annonçant la mort imminente de sa mère ? Où est-ce le jour de ses 14 ans, quand le visage de celle-ci a changé ? Difficile à dire, lui-même ne le sait pas.

Sur le trajet qui le conduit à l’hôpital, alors que la tempête fait rage dans les rues de Montréal, sa vie défile sous ses yeux, par bribes, en quête de réponse. Une rage sourde, une colère violente se lève en son cœur. De cet ouragan qui balayera tout sur son passage ressurgiront du passé ses angoisses, ses incompréhensions et ses démons.

De son enfance au Liban, il se souvient d’abord des cèdres, des odeurs et de la chaleur. Très vite, l’image s’efface. Un autre événement apparaît, jusqu’alors occulté. Il a 7 ans. Dans la rue, juste devant lui, un bus est victime d’un attentat d’une rare violence. Confronté trop tôt à la mort et à la violence d’une guerre civile, le jeune Wahab en garde à jamais les stigmates.

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Gregori Baquet porte ici un texte brut, violent et poétique © IFOU Le pôle média

De sa mère, ce sont les rapports compliqués dont il se souvient surtout. De l’incompréhension née entre eux lors de son quatorzième anniversaire. De ce visage qui a changé et dont il rêve de retrouver les contours, il en fera une force créatrice. Devenu peintre, toutes ses œuvres sont une émanation des traits oubliés de sa génitrice.

Adaptée du roman Visage retrouvé (2002) du dramaturge libano-québécois Wajdi Mouawad, Un Obus dans le coeur est un voyage au cœur de la mémoire d’un exilé, d’un apatride, d’un artiste en quête d’absolu. De ce cheminement intérieur, de ce parcours initiatique, de ce cri violent, implacable, notre jeune artiste sortira grandi, adulte, réconcilié avec la vie, avec sa mère et sa famille. Acceptant son histoire, il se libère de chaînes invisibles qui l’ont trop longtemps maintenu dans une sourde colère.

Chacune des phrases de ce texte brut, puissant, est comme une vague, une déferlante qui se brise sur le spectateur. Leur violence est comme un obus dans nos cœurs. On sort exténué, bouleversé par ce tête-à-tête avec Grégori Baquet, qui habite le rôle. La partition n’est pas simple. Si le comédien s’est imprégné du phrasé percutant, âpre et cru de Wajdi Mouawad, le terrible vécu du personnage est parfois trop difficile à porter. L’intelligente mise en scène de Catherine Cohen prend alors le relais. Simple, épurée à l’extrême, elle souligne avec élégance les mots du dramaturge. Comme seul décor, deux chaises unies l’une à l’autre, les très belles lumières imaginées par Philippe Lacombe et un immense paravent de plastique blanc sur lequel sont projetées des vidéos reflétant les états d’âme de Wahab. Placé en arc de cercle, il délimite la scène et enferme le spectateur dans un huis-clos étonnant. Pris au piège, il n’a pas d’autre choix qu’entendre ce cri de violence et d’amour, être à l’unisson avec le personnage, vivre avec lui le deuil, l’introspection et enfin l’acceptation. C’est tout simplement remarquable…

Festival d’Avignon OFF
Un obus dans le cœur de Wajdi Mouawad
théâtre du balcon
8, rue Guillaume Puy
84000 Avignon
jusqu’au 26 juillet 2015
tous les jours à 12h15, relâche le 14 juillet

Mise en scène de Catherine Cohen
Scénographie & vidéo de Huma Rosentalski
Lumières de Philippe Lacombe
Création sonore de Sylvain Jacques
avec Grégori Baquet

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