Le regard doux, la démarche et les gestes qui transpirent la danse, Julien Lestel a la gentillesse et la bienveillance des grands. Après sa formation à l’Ecole de danse du ballet de l’Opéra national de Paris et au Conservatoire national supérieur de Paris, dont il obtient le premier prix, il travaille avec les plus grands chorégraphes contemporains. De Rudolf Noureïev à Pina Bausch, en passant par Jiří Kylián et William Forsythe, chacun va laisser au jeune homme, une empreinte, une trace, qui vont former ses propres goûts et transformer son approche de la danse. Nommé, à 26 ans, soliste au Ballet de Zürich, il n’a de cesse d’aller de l’avant. Au contact de Marie-Claude Pietragalla, dont il est, un temps, le partenaire au Ballet national de Marseille, l’envie d’être chorégraphe et de voler de ses propres ailes se fait plus présente. En 2007, ce Narbonnais de naissance crée sa propre compagnie à Marseille. Depuis, en résidence à l’Opéra de Massy, il ne cesse de proposer des spectacles au ton résolument contemporain et moderne, où les corps sont la matière première de son art. A l’occasion du cinquantième festival OFF d’Avignon, il présente l’une de ses dernières créations : Transmission. Rencontre.
Quelles sont vos sources d’inspiration pour ce spectacle ?
Julien Lestel : Après avoir vu un reportage à la télévision sur les petits rats de l’Opéra de Paris à l’âge de 4 ans, j’ai eu un véritable déclic. Je voulais intégrer ce prestigieux corps de ballet. Très vite, c’est devenu une passion riche et dévorante. De mes nombreuses années de danseur, j’ai acquis une expérience unique que j’ai toujours eu envie de transmettre. Depuis longtemps, j’avais à cœur d’aborder dans un de mes spectacles ce thème si familier à tous et qui prend une couleur tout autre quand il touche ce qui a nourri notre parcours professionnel. Ainsi, sur scène, je joue mon propre rôle et j’invente autour de mes danseurs des chorégraphies. Je leur propose des mouvements, des créations de formes avec leur corps. Je respecte leur identité et leur personnalité. Je m’en sers pour créer et faire passer des messages qui me sont chers. Au travers des gestes et des postures, j’exprime des sentiments et des émotions.
On nous voit au travail. Je trouvais l’approche intéressante et différente de ce qu’on a l’habitude de voir. Ca me permettait aussi de parler de mon métier de créateur. C’est un message universel qui s’adresse à tout le monde.
Que vouliez-vous montrer aux spectateurs ?
Julien Lestel : Je trouvais intéressant l’envers du décor. Evidemment, c’est sous forme de spectacle : tout y codifié, chorégraphié avec un fil conducteur qui sert de ligne directrice. De cette façon, le public suit le processus créatif et ce que je transmets à mes danseurs. Nous sommes huit sur scène, 4 filles et 4 garçons. Je mélange ainsi les solos, les pas de deux ou de trois, et les chorégraphies chorales. Je mêle techniques, émotions et mouvements pour créer un ensemble fluide et cohérent.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour créer Transmission ?
Julien Lestel : Il a fallu un peu plus de deux mois. C’est assez rapide, mais je crois que lorsque le sujet nous tient à cœur et que l’on est inspiré, les choses se font d’elles-mêmes. On travaille en continu six heures par jour. Ainsi, on ne lanterne pas. Portée par le sujet, une réelle effervescence s’installe au sein de la compagnie. C’est un rythme de création qui me convient.
Quelles sont les réactions du public ?
Julien Lestel : En général, c’est assez unanime. Le public fait bon accueil. Les spectateurs sont émus et touchés. C’est d’autant plus intéressant que la plupart d’entre eux ne sont pas spécialement des amateurs de danse. Ils viennent en raison d’un bon bouche-à-oreille. C’est toute la magie d’Avignon : partager avec un public non initié. A la sortie du ballet, certains sont bouleversés. Ils ne pensaient pas que la danse pouvait véhiculer de telles émotions, de telles sensations. Ils sont surpris de comprendre l’histoire juste en suivant des mouvements des gestes. Cela leur renvoie des images de moments vécus. Ce regard différent est pour nous, artistes, une belle récompense.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Transmission de Julien Lestel
Festival d’Avignon OFF
Compagnie Julien Lestel
Espace Alya
31 bis, rue Guillaume Puy
84000 Avignon
jusqu’au 26 juillet 2015
tous les jours à 20h25, Relâche les 6, 13 et 20 juillet
durée 1h10
avec Julien Lestel, Gilles Porte, Ivan Julliard, Marco Vesprini, Julie Asi, Aurora Licitra, Mara Whittington, Maria Stefania Di Renzo
Création et régie Lumières de Lo Ammy Vaimatapako
Costumes de Patrick Murru
Musique de Max Richter