Légère, drôle, entraînante, la Comédie « Les Fiancés de Loches », version musicale, est un vrai plaisir pour les yeux, les oreilles et les zygomatiques. Dans un décor kitsch à souhait, malentendus, quiproquos et rebondissements en tous genres, se succèdent à un rythme effréné, entraînant le spectateur dans un tourbillon de rires qui ne cessera qu’au baisser de rideau. Porté par des comédiens tout en verve et en gamme – Christine Bonnard et Franck Vincent en tête – ce revigorant vaudeville signé Feydeau apporte joie et bonne humeur. Un des spectacles à ne surtout pas rater cet été…
L’argument : Eugène Gévaudan, apothicaire à Loches, son frère Alfred, et leur sœur, Laure, sont « montés à Paris » pour trouver des partis. Croyant être dans l’agence matrimoniale de Plucheux, ils débarquent en réalité dans le bureau de placement de Séraphin et sont recrutés comme domestiques chez le Docteur Saint-Galmier. Ils vont prendre le docteur, sa sœur Rachel, et sa fiancée, Léonie, pour leurs prétendants ! L’irruption de la « cocotte », Michette, ancienne maîtresse de Saint-Galmier, ajoutera aux quiproquos et aux coups de théâtre ainsi que la méprise qui fera croire à Saint-Galmier que ces trois curieux domestiques sont trois aliénés échappés de son établissement de soins : le Louvre hydrothérapique.
La critique : Finie la morosité et la grisaille. L’été est enfin là. Alors qu’une chaleur presque suffocante assaille les rues de Paris, une balade dans le très bel écrin de verdure du Palais-Royal s’impose, avant de pousser les portes du théâtre et se laisser séduire par Les Fiancés de Loches de Georges Feydeau. Si la trame est somme toute classique, Hervé Devolder re-visite et dépoussière avec beaucoup d’intelligence et d’originalité, ce vaudeville en comédie musicale. Dès les premières notes, le spectateur est embarqué dans un spectacle burlesque qui n’aura de cesse que le surpendre et l’entraîner dans un tourbillon de rire et de bonne humeur.
Trois provinciaux, deux frères et une sœur (Franck Vincent, excellent en aîné survolté, Adrien Biry-Vicente, épatant en cadet souffreteux, et Christine Bonnard, divine en fille naïve), débarquent de leur Loches natal afin de se marier et de s’établir à Paris. Croyant s’adresser à une agence matrimoniale qui, malheureusement, vient juste de mettre la clé sous la porte, ils entrent dans un bureau de placement. Pris pour des domestiques, ils vont être embauchés pour travailler dans la famille du bon docteur Saint-Galmier, où ils pensent trouver leurs futurs conjoints. De ce premier quiproquo vont découler de nombreuses situations aussi savoureuses que drôles et cocasses.
Véritable fantaisie musicale, cette comédie est impayable. On se délecte tout autant des chansons, qui respectent le texte original, que des mélodies fort enlevées ou du comique de situation. Bien que l’intrigue soit ténue, on s’amuse, et on rit de bon cœur. Tout en respectant les codes du vaudeville de la Belle époque, la mise en scène ingénieuse d’Hervé Devolder fait mouche. Les décors clinquants et kitsch de Jean-Michel Adam s’accordent à souhait avec l’esprit de la pièce, et par une jolie astuce, permettent la présence sur scène de trois musiciens – un pianiste, un contrebassiste et un violoniste – dont les silhouettes sont à peine dessinées derrière un écran presque translucide.
Sans conteste, ces Fiancés là sont de très bonne facture. Ils valent surtout et avant tout pour leurs interprètes. Tous sont épatants. Au rythme des musiques écrites par Hervé Devolder, ils nous emportent dans leur sillage. Christine Bonnard, comme à son habitude, rayonne. Charlotte Filou incarne une Michette absolument irrésistible. Franck Vincent est absolument parfait en antiquaire provincial mal dégrossi, et Arnaud Denissel est fantastique en médecin peu regardant et coureur de jupon.
Entre jeux de mots, danses folkloriques et chants, il est difficile de résister à ce délirant manège. Alors, sans perdre une seconde, entrez dans la ronde et laissez vous aller à quelques pas de French cancan… avec ces enfants terribles de la comédie.
Les fiancés de Loches de Georges Feydeau
Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 PARIS
Jusqu’au 15 aout 2015
Du mardi au samedi à 21h
Texte de Georges Feydeau
Mise en scene et musique de hervé devolder
Assisté de Karine Falantin
Mise en chanson de Jacques Mougenot
Avec Christine Bonnard, Charlotte Filou, Clara Hesse, Claudine Vincent, Adrien Biry-Vicente, Arnaud Denissel, Hervé Devolder, Fabrice Fara, Guillaume Bouchède, Patrice Latronche, Franck Vincent
Décors de jean-michel adam
Lumieres de Denis Koransky
Choregraphie de Christine Arondel
Coiffures et postiches de Stéphane Testu
Costumes de Jean-Daniel Vuillermoz
Au piano Thierry Boulanger ou Daniel Glet
A la contrebasse benoît dunoyer de segonzac
Au violon Marianne Devos