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« At the same time… » de Robyn Orlin … l’Afrique s’invite à Paris

Véritable feu d’artifice de couleurs, de magie et d’énergie, le nouveau spectacle de Robyn Orlin est un enchantement pour les yeux et les sens. En nous conviant avec beaucoup d’humour et de dérision à une cérémonie de désenvoûtement, la chorégraphe sud-africaine crée une nouvelle fois l’événement et invite le spectateur à réfléchir sur l’état de nos sociétés. Un moment de tolérance, d’humanité et de douce folie africaine… Jubilatoire. L’argument : « At the same time we were pointing a finger at you, we realized we were pointing three at ourselves… » est le résultat de la rencontre explosive entre l’héritière de Maurice Béjart,

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« At the same time.. » de Robyn Orlin au Théâtre de la Ville

Véritable feu d’artifice de couleurs, de magie et d’énergie, le nouveau spectacle de Robyn Orlin est un enchantement pour les yeux et les sens. En nous conviant avec beaucoup d’humour et de dérision à une cérémonie de désenvoûtement, la chorégraphe sud-africaine crée une nouvelle fois l’événement et invite le spectateur à réfléchir sur l’état de nos sociétés. Un moment de tolérance, d’humanité et de douce folie africaine… Jubilatoire.

L’argument : « At the same time we were pointing a finger at you, we realized we were pointing three at ourselves… » est le résultat de la rencontre explosive entre l’héritière de Maurice Béjart, Germaine Acogny, et la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin.
Soumis au diktat de la beauté moderne et aux tabous de la tradition – quand il n’est pas réduit à l’expression de la violence ou de la faim – le corps de l’homme africain est stigmatisé. Pour tenter de le libérer de ses complexes, Robyn Orlin et huit danseurs de l’Ecole des Sables remettent le corps au centre du débat. Une danse à travers des rituels déritualisés, qui gomme tout exotisme pour toucher au politique.

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Robyn Orlin présente sa vision de la cérémonie du simb au Théâtre de la Ville

La critique : Sorcellerie et magie noire envahissent le théâtre de la ville. Pour purifier la salle et faire fuir les mauvais esprits, une seule solution faire appel à la troupe des danseurs de l’École des Sables (Jant-Bi), le Centre international de danses traditionnelles et contemporaines d’Afrique au Sénégal dirigée par Germaine Acogny. Le rideau est ouvert, la scène est presque nue. Au centre une toile blanche, devant laquelle se dresse comme seul décor, un mur de seaux de toutes les couleurs, rappelant les marchés africains. Un claquement raisonne, répétitif. Une ombre apparaît. C’est un homme. Plié en deux, il marche d’un pas régulier. Le son vient de ses tongs dont il enregistre la rythmique. Portant des vêtements aux couleurs « flashy » qui contrastent avec l’atmosphère sombre et l’éclairage minimaliste, un à un, les sept autres danseurs envahissent l’espace, puis la salle. Faisant fi des spectateurs, ils grimpent sur les sièges, haranguent la foule et communient avec elle. Dans un terrible boucan, le tonnerre éclate, le mur de seaux explose, la toile devient écran de portable. Robyn Orlin s’adresse à la salle, signant ainsi de sa patte ce spectacle devenu alors interactif.

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Les danseurs de l’ensemble Jant-Bi dirigés par Robyn Orlin au Théâtre de la Ville

Durant un peu plus d’une heure, la chorégraphe sud-africaine, reine de la performance, explore ainsi, avec beaucoup d’humour et de tendresse, les codes du folklore sénégalais, en l’occurrence la cérémonie du Simb ou du « faux lion ». Très vite, l’esprit espiègle de Robin Orlyn, mêlé à celui tout aussi malicieux de Germaine Acogny, qui apparaît par vidéo interposée telle une sorcière tutélaire, bouscule les idées reçues sur le continent noir vu par les occidentaux mais aussi par les africains eux mêmes. Jouant avec l’image et les corps, les deux chorégraphes s’amusent tout en invitant le spectateur à la réflexion sur l’état de nos sociétés et sur la tolérance. A l’unisson avec les danseurs, une transe communicative envahie la salle et ne la quittera plus jusqu’à la fin du show.
Alors que la cérémonie touche à sa fin, l’autodérision laisse place à un message plus politique et revendicateur. Devant le retour au conservatisme nauséabond, le repliement sur soi et une peur de l’autre, Robyn Orlin s’engage moquant avec beaucoup de férocité le traitement des sans papiers par Manuel Valls, la montée du front national et de Marine Le Pen et pour finir la connerie humaine, incarnée par Gérard Depardieu. On adhère ou pas à ce point de vue simpliste… Portée par les applaudissements et les acclamations, il n’empêche qu’au diapason des autres spectateurs, on prend un certain plaisir à livrer en pâture aux lions ces mauvais génies.

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L’Afrique s’invite au théâtre de Ville

Clairement, on sort heureux et requinqué de ce spectacle drôle et un brin bordélique. Musique et danse, mêlant mouvement contemporain, jeu de tong, tam-tam sur des seaux en plastique théâtre et cérémonie chamanique, s’harmonisent avec beaucoup d’humanité et de facétie. Quand le rideau retombe, sur un nuage euphorisant, il est bien dur de retourner à la réalité du quotidien… C’est magique.

« At the same time we were pointing a finger at you, we realized we were pointing three at ourselves… »
une proposition de Robyn Orlin
avec la compagnie JANT-BI / Germaine Acogny
au Théatre de Ville jusqu’au 29 mars
au Grand Théâtre de Luxembourg du 1er au 2 avril
à l’Opéra de Lille du 8 au 9 avril
au 104 du 11 au 12 avril

assistant de la chorégraphe : Shush Tenin
création lumières : Laïs Foulc
création costumes : Birgit Neppl
vidéo : Aldo Lee
assistant scénographie :Maciej Fiszer
avec Hans Peter Diop Ibaghino, Khalifa Ababacar Top,Adelinou Dasylva, chébé Bertrand Saky, Claude Marius Gomis, Aliou Ndoye, Mamadou Baldé, Mohamed Abdoulaye Kane

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