Le roi se meurt… Vive le Roi… Michel Bouquet, majestueux, donne la réplique avec délice et connivence à son odieusement drôle Reine à la scène comme à la ville, Juliette Carré….
Auréolé de deux Molières, ce Roi se meurt là a un goût tout particulier à la fois nostalgique et porteur d’espoir. Sur la scène du théâtre Hébertot, un monstre sacré incarne à la perfection pour la toute dernière fois et ce pour une trentaine de représentations, le roi Bérenger 1er. Après 20 ans dans la peau de ce monarque qui refuse l’inévitable déclin, Michel Bouquet, cabotin, touchant et émouvant, meurt une dernière fois sur les planches aux côtés de Juliette Carré, sa femme à la ville, qui incarne à merveille et avec beaucoup d’humour et de sarcasme la Reine-Raison Marguerite. Aidée par un texte ciselée, la comédienne excelle en « slamant » les phrases de ses longs monologues ponctuant ainsi la pièce de moments d’anthologie.
Pièce emblématique du théâtre de l’absurde, Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco est une représentation du cycle de la vie, où chacun peut se retrouver. Devant l’inévitable approche de la mort, Bérenger 1er va passer par trois types d’attitudes typiquement humaines face à l’inéluctable : la dénégation, la révolte et la résignation.
Dans ce chemin vers l’agonie, qui aspire tout (pays, habitants, ministres, soleil, chaleurs, etc,), le roi est accompagné dans ses réflexions sur le sens de la vie, la fuite du temps et la déchéance par une galerie de personnages hauts en couleurs : la jeune Reine Marie – jouée par la jolie Lisa Martino -, frivole et amoureuse, se bat à contre courant en espérant éviter l’inéluctable ; la vieille Reine Marguerite, réaliste, lucide et cynique, guide, avec l’aide du médecin astrologue (Pierre Forest), le Roi dans son renoncement à la vie ; pour finir nous trouvons aux côtés du monarque le garde (Sébastien Rognoni), qui personnifie l’armée et la puissance royale et enfin Juliette (fantastique Nathalie Bigorre), la bonne, représente le peuple. Plus on approche du dénouement fatidique, plus l’influence du roi se meurt, plus les personnages se détachent de lui et sont livrés à eux–même dans un univers apocalyptique avant de disparaître les uns après les autres laissant le monarque seul face à sa destinée…
Une dernière fois, après plus de 800 représentations, vibrez au côté d’un Michel bouquet passionné et amoureux de cette pièce si cher à son cœur…
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Théatre hébertot
jusqu’au 5 octobre 2014
du Mardi au Samedi à 19h
durée : 1h20