Portrait sans fard d’une Escort-girl de soixante ans exubérante, insouciante, énervante mais terriblement attachante…
Le synopsis : Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
La critique : Primé au dernier Festival de Cannes, Party girl dresse avec douceur et tendresse le portrait d’une sexagénaire rock n’roll, totalement hors norme, mais effroyablement touchante. Dès les premières images, chevelure de jais abondante, maquillage lourd et exagéré, tenue criarde agrémentée d’une profusion de breloques clinquantes, Angélique se dévoile avec gouaille et sans pudeur. La comédienne se fond d’autant plus dans ce personnage fantasque et sans limites qu’il raconte sa propre histoire légèrement romancée.
Rapidement, le charme de ce docu-fiction tourné à Forbach en Lorraine opère. Cette jeune fille, pleine d’énergie, d’un peu plus de 60 ans, envahit l’écran et nous embarque dans son sillage. Depuis 35 ans, elle travaille comme entraîneuse dans les bars de nuit plus ou moins glauques des villes sans attrait et sans âme de la frontière franco-allemande. Sa vie se résume à peu de choses : une petite chambre chargée de souvenirs kitsch située juste au dessus du cabaret où elle travaille, quatre enfants dont la plus jeune de 16 ans lui a été retirée il y a plusieurs années, et son boulot qui la conduit à boire pour accompagner les clients et les forcer à consommer.
L’alcool, la vie de nuit et la fête permanente ont fini par user cette marquise des bas fonds. Michel, un habitué amoureux d’elle, lui offre une planche de salut en lui demandant de l’épouser. Se ranger des voitures et rendre ses enfants fiers d’elle donne un nouveau sens à sa vie… Désabusée et avec beaucoup de tristesse, elle quitte son univers de paillettes sombres et ses collègues et amies, pour trouver la lumière auprès de ses enfants enfin réunis pour son mariage.
Mais Angélique demeure une femme résolument et farouchement libre, qui refuse qu’on lui dicte sa conduite. Le carcan de sa nouvelle vie va très vite l’étouffer et son besoin de plaire et de faire la fête va vite refaire surface. Malgré son âge, elle reste une ado qui veut brûler sa vie. La date du mariage approchant, les questionnements existentiels et les obstacles psychologiques vont se multiplier empêchant le personnage de goûter aux joies d’une existence stable que ses enfants appellent de leurs vœux.
C’est d’ailleurs dans la complexe simplicité du personnage d’Angélique que réside toute la force de ce long métrage coréalisé par trois jeunes cinéastes, dont l’un est le propre fils de cette femme débridée. Jamais aucun jugement n’est émis. C’est toujours avec une douce tendresse et une chaleur irradiante que la caméra se pose sur cette « party girl » sur le retour, aimante, caractérielle, et égocentrique. Loin d’être lourde, l’atmosphère se fait légère. Très vite, l’air entraînant de Chinawoman, qui a donné son titre au film nous embarque dans un monde réel et fantasmé où le contraste des couleurs entre les lueurs blafardes de l’extérieur et l’éclat lumineux des cabarets vient contribuer au bonheur d’être emporté par la fiction.
Aimons cette Angélique généreuse, amoureuse de liberté et partageons sans complexe durant une heure trente ses bonheurs, ses joies, ses peines ses doutes et ses larmes…
Réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis
Avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis et Samuel Theis.
Sortie le 27 août 2014
Durée 1h35