La cantatrice chauve a 70 ans

Le 10 mai 1950, La Cantatrice chauve d'Ionesco était créée au Théâtre des Noctambules. 70 ans plus tard, la pièce est toujours à l'affiche et atteint la réouverture des théâtres pour faire son grand retour rue de la Huchette.

Les familles Smith et Martin, ainsi que le cher Bobby Watson n’en reviennent pas, voilà 70 ans qu’ils régalent les amoureux de l’absurde, du loufoque et des jeux de langage. Mais cela fait surtout 70 ans qu’avec le Pompier et la bonne, ils se retrouvent sur scène dans la mise en scène de Nicolas Bataille. Aucune pièce dans son montage d’origine n’a tenu autant sur la longueur, balayant le côté éphémère du spectacle vivant. 

Début difficile

Il faut rappeler qu’à sa création, cet ovni théâtral, n’a rencontré qu’un succès d’estime, celui de ceux qui savent reconnaître la nouveauté et le talent. Les autres sont restés sur leur étonnement. C’est Queneau qui alerta ses amis et pas des moindres, Paulhan, Salacrou, Duhamel et Tardieu pour leur faire découvrir ce qu’il considérait être comme un petit bijou. La critique, à quelques rares exceptions, mais dans son ensemble, avec en tête le terrible Jean-Jacques Gautier du Figaro, prédit peu d’avenir à cette « cantatrice » et au théâtre dit de l’absurde.

Une pièce devenue culte

Bien lui en a pris, car aujourd’hui la pièce est étudiée dans les collèges. C’est là qu’en classe de 3e, je l’ai découverte grâce à mon excellente professeure de français. Comme on avait aimé lire les répliques imaginées par Ionesco. Cela nous faisant rire. Jamais cours de littérature ne fut aussi joyeux. Curieusement, alors qu’elle nous traînait régulièrement au théâtre, nous n’étions jamais allés à la Huchette où la pièce se joue depuis 1957.

Une découverte

Ce fut des années plus tard, pour le journal Pariscope, que par un soir d’août, poussée par la délicieuse attachée de Presse, Marie-Hélène Brian, que je pénétrais à la Huchette pour voir les deux classiques de Ionesco, La Cantatrice chauve et La leçon. Je m’étais déjà rendu dans ce charmant petit théâtre, mais pour voir les créations présentées à 21h30. Je regardais alors toujours surprise ce public nombreux sortir des Ionesco. Il y avait de tout, des jeunes, des vieux, des étrangers, des provinciaux. On aurait dit qu’ils venaient ici comme à la Tour Eiffel, voir un monument.

Un moment mémorable

Donc en ce soir d’août 1996, j’assiste à La Cantatrice chauve pour la première fois de ma vie. Mon cœur s’emballe, car sur la scène, c’est Nicolas Bataille lui-même qui interprète le Pompier. Je suis aux anges ! Le créateur du rôle, le metteur en scène devant moi ! Je suis emballée par la qualité du spectacle, où je ris de bon cœur. J’aurais dû jouer au loto ce soir-là, car lorsque La leçon démarre, j’ai le droit à Marcel Cuvelier, qui fut le premier à jouer le professeur en 1951. Aujourd’hui Nicolas Bataille et Marcel Cuvelier ne sont plus de ce monde, comme les créateurs des rôles, mais une belle troupe continue à faire vivre ces spectacles dans le jus de l’époque qui n’a pris aucun coup de vieux. 

Une sacrée aventure 

On ne peut que remercier Franck Desmedt, son directeur, et toute l’équipe du théâtre de la Huchette de fêter ce bel événement. Le 1er mai, la première part du gâteau a été mise à notre disposition sur la chaîne Youtube®. Cet épisode nous permet de plonger dans cette belle aventure grâce à des images d’archives exceptionnelles. Les six autres suivront et on les attend avec impatience. Parallèlement aux épisodes retraçant l’histoire de La Cantatrice chauve, tous les comédiens du spectacle Ionesco du Théâtre de la Huchette proposent à partir du 5 mai, chaque jour et à tour de rôle sur les réseaux sociaux une petite pastille humoristique d’une minute pour célébrer cet anniversaire.

Marie-Céline Nivière

Crédit photo © DR et © Benjamin Meignan

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