Au Théâtre de la Bastille, Nathalie Béasse occupe encore et toujours le plateau pour notre plus grand plaisir. Artiste passionnée, à l’imagination débordante, son univers singulier, poétique fait une nouvelle fois des étincelles. Plongée sylvestre à couper le souffle !
Au quatre coin de la scène, trois hommes et une femme assis sur des chaises tirent sur des ficelles, actionnent l’immense bâche noire qui recouvre les planches de la grande salle du théâtre. Rythmée par les envolées mélancoliques du quatrième mouvement de la Cinquième symphonie de Gustav Malher, la toile se soulève, s’enroule, s’agite et rebondit. Elle devient vague, ciel, tempête. Cette longue séquence saisissante qui ouvre Le bruit des arbres qui tombent est la première d’une série de tableaux qui nous plongent dans un voyage unique, onirique et énigmatique.
L’espace, ainsi dénudé, laisse libre court à la folle ronde des comédiens. Dansant, suivant chacun une partition chorégraphique qui lui est propre, Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Érick Gerken, Cément Gallard envahissent le plateau tels les acteurs de Jean-Luc Godard, dans Bande à part ou ceux d’Hal Hartlley dans Simple men.
Musique électronique, gestes furieux, fougueux, hypnotisent le public. Nathalie Béasse brouille les pistes, entraîne le spectateur vers un champ des possibles où il peut s’évader, rêver, vagabonder allant du rire à la contemplation.
Laissant libre court à l’imagination de chacun, les mots sont certes rares mais empruntés à de grands noms de la littérature, Duras, Shakespeare, Stein, mais aussi un poème indien d’Amérique du nord et du Brel. Entremêlant, les langues et les sonorités avec dextérité et poésie, Nathalie Béasse flirte entre les différents arts vivants.
Entre danse, théâtre et performance, elle livre une œuvre atypique, enchanteresse. Une artiste à découvrir, un spectacle à voir !
Florence Pons
Le bruit des arbres qui tombent
Au théâtre de la Bastille
jusqu’au 7 juin à 20H
Conception, mise en scène et scénographie de Nathalie Béasse
Avec Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Érick Gerken, Cément Gallard
Lumières de Natalie Gallard
Musique de Nicolas Chavet & Julien Parsy
Crédit photos © Jérôme Blin